Faire des choix et rayonner de l’intérieur vers l’extérieur, ça vous tente?

Josée Durocher

Avertissement : Ce texte pourrait vous choquer, vous stimuler, vous faire réfléchir ou simplement vous laisser indifférent selon votre état du moment, votre perception ou vos expériences passées.

Vous avez la possibilité de continuer votre lecture ou pas… Je vous aurai prévenu!

Apprendre des enfants

Il était une fois, une petite de 4 ans qui arriva chez moi par un bel après-midi d’automne. Elle avait de merveilleux grands yeux bruns et un de ces sourires à vous faire tomber en amour instantanément.

Du haut de ses 4 ans, elle avait déjà adopté une attitude de championne face à l’adversité. Vous savez, le fameux lâcher-prise dont on entend tant parler. Je la soupçonnais d’avoir saisi qu’elle n’avait aucun contrôle sur les événements qu’elle vivait, mais qu’elle pouvait choisir ce qu’elle en faisait.

Ce qui était remarquable chez cette « mini » de 4 ans, c’était sa confiance en la vie, malgré son jeune passé chahuté.

Dans son baluchon de seulement 48 mois d’existence, elle franchissait le seuil avec de nombreux deuils :

  • perteDécès de son petit frère jumeau à peine quelques mois après sa naissance;
  • Retrait de son milieu familial;
  • Adaptation et séparations de plusieurs milieux de vie, malheureusement sa réalité;
  • Perte de ses objets personnels significatifs et rassurants (jouets, doudous, etc.);
  • Rejet.

J’ai toujours su qu’elle avait tout en elle pour apprivoiser ses deuils. Bien entendu qu’à cet âge elle n’avait pas la capacité d’analyse ou de recul d’un adulte pour comprendre ce qui lui arrivait.

Elle manquait souvent de mots pour identifier ses émotions ou ce qu’elle ressentait. Elle était en réaction selon ce qui émergeait du quotidien et lui rappelait un événement, une situation ou une personne, par exemple.

Elle était en réaction face à l’amour inconditionnel que je lui offrais de tout mon cœur. Qui ne le serait pas, après tant de séparations douloureuses?

Alors, je comprends que si vous êtes en train de lire ces mots, c’est que vous avez décidé de poursuivre votre lecture.  Alors, continuons tout de go!

Choc – Déni – Colère – Tristesse – Résignation – Acceptation – Construction*[1]

La colère est un état du deuil. Elle se vit surtout lorsqu’une personne réalise qu’il n’y a plus de retour en arrière possible. Cette enfant avait compris ce non-retour. La colère pouvait être autant envers ceux qui avaient causé sa souffrance, envers moi, qu’envers elle. Jamais je n’aurais pensé qu’une enfant aurait pu se culpabiliser autant.

Qui penserait qu’un visage si candide, au sourire si merveilleux, pouvait se blesser volontairement avec tant de colère?

Laissez-moi vous dire que j’ai beaucoup appris d’elle en l’accompagnant dans sa valse des émotions traversant les états du deuil comme une athlète olympique. Elle a été une mentore du haut de ses 4-5 et 6 ans.  Le temps qu’elle a partagé ma vie.

Je lui ai répété, répété et encore répété qu’elle pouvait me parler de ce qui lui faisait mal dans son cœur. Qu’elle pouvait me faire des dessins pour exprimer sa souffrance et qu’ensemble nous pourrions tenter de déchiffrer ce qu’ils représentent.

On ne s’ouvre pas à une étrangère aussi facilement quand on est une enfant. Est-ce différent quand on est un adulte?

Avec tout mon amour, ma patience et persévérance, je lui ai démontré que j’étais là pour elle. J’ai eu à l’apprivoiser comme le Petit Prince l’a fait avec son renard :

  • par ma douceur,
  • par mon écoute sans jugement,
  • par ma présence à 100 %, là, pour elle,
  • par mes mots aimants, rassurants, apaisants,
  • par les moments de folie et de fou rire que nous avions,
  • par ce lien de confiance que nous avons tissé ensemble,
  • par la constance de sa routine au quotidien,
  • par ma bienveillance envers elle.

Au fil des mois et des années , nous avons vécu une complicité fantastique. Ses grands yeux bruns sont devenus de plus en plus lumineux. Elle rayonnait de l’intérieur quand elle a quitté la maison pour retourner dans sa vraie famille.

Le deuil permet de trouver des ressources insoupçonnées à l’intérieur et à l’extérieur de soi

Elle a su apprivoiser à sa façon, selon sa compréhension et son vécu, les deuils de sa vie. Elle l’a fait à son rythme. Elle avait une envie criante d’être bien dans sa tête, son cœur et son corps. Intuitivement, comme le sont souvent les enfants, elle a fait confiance à son cœur et s’est investie dans les options constructives qui se présentaient à elle.

forêt

J’ai eu le privilège d’être témoin de son épanouissement. La dernière soirée, en la bordant, je lui ai demandé : « Est-ce que tu peux me dire, ma belle, qui est ta meilleure amie? » Elle m’a répondu en riant : « Ben voyons, Lynne, tu le sais, c’est moi! »

Je me souviens d’avoir descendu l’escalier en me disant « Quelle grande personne elle est, cette petite. Comme nous en avons vécu des moments merveilleux. Mission accomplie, personne ne pourra lui enlever cette sagesse. Elle, elle sait reconnaître sa meilleure amie et saura pour toujours lui donner l’amour dont elle a besoin! »

Bien sûr, elle vivra d’autres deuils, qui n’en vit jamais?

Dans son baluchon, quand elle a traversé le seuil, il y avait l’album jeunesse Je t’aimerai toujours, de Robert Munsch.

Permettez-moi de vous citer David Lefrançois, psychologue, expert en neurosciences :

« Un deuil pas bien apprivoisé ou travaillé est une des sources principales qui nous empêchent de passer à une étape suivante de notre vie. »

Avez-vous aussi envie de rayonner de l’intérieur? Quels choix ferez-vous?

[1] Les étapes-états du deuil selon Elisabeth Kübler-Ross psychologue behavioriste.

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