Le grand cycle de la vie et ses tâches développementales

Marie-Paule Dessaint

Il est bon de revenir régulièrement vers ces classifications des stades psychosociologiques du grand cycle de la vie afin de vérifier où nous en sommes sur le chemin et si nous avons accompli chacune des tâches développementales (ou compétences) d’un stade avant d’entrer dans l’autre. Ce déroulement permet de mieux comprendre qui nous sommes, ce que nous sommes devenus, l’origine de nos difficultés, de nos peurs et de nos échecs, mais aussi de nos forces, de nos succès et de nos ambitions. Il permet également de comprendre quel rôle nos parents et nos enseignants, et plus tard notre milieu professionnel, ont pu jouer dans l’élaboration de notre personnalité et de nos choix de vie.

On ne s’aperçoit pas toujours que l’on parcourt chaque jour un nouveau chemin.
(Paulo Coelho)

Malgré nos différences individuelles, biologiques, psychologiques et sociales, les caractéristiques de chacun de ces stades sont assez semblables d’une personne à l’autre et les changements se produisent à peu près aux mêmes âges. Ce qui se passe à chaque stade est assez prévisible pour être bien documenté[i].

Dans le cadre de cet article, seuls les stades psychosociologiques et les tâches développementales du jeune adulte et de l’adulte ont été conservés dans le tableau synthèse.

Harmoniser les opposés

Chaque stade comprend une tâche (une épreuve ou une «crise») qui doit être résolue avant de pouvoir identifier, puis affronter la suivante. Chacune d’elle a pour but d’harmoniser et d’équilibrer deux pôles opposés, sans rejeter aucun d’eux. Il s’agit, dans l’ordre, de la confiance contre la méfiance (0-18 mois), de l’autonomie contre le doute ou la honte (18 mois à 3 ans), de l’initiative contre la culpabilité (3 à 6 ans), du travail (créativité) contre l’infériorité (6 à 12 ans), de l’identité contre la confusion des rôles (12 à 20 ans), de l’intimité contre la distanciation (20 à 45 ans), de la générativité contre la stagnation (45 à 65 ans) et de l’intégrité contre le désespoir (65 ans et plus).

La résolution des défis psychologiques, sociaux et biologiques d’un stade repose sur celle qui l’a précédée et conditionne à son tour celle qui la suit. Chaque tâche qui n’a pas été maîtrisée, chaque défi qui n’a pas été relevé à un stade donné risquent d’engendrer des difficultés (crises et turbulences) aux étapes subséquentes. Il faudra alors, parfois, revenir au stade précédent…

Quatre des huit stades psychosociologiques

12 à 20 ans Identité ou confusion des rôles. Il s’agit d’un moment très important du développement de la personne, car, si ces deux pôles opposés sont bien harmonisés, ce stade conduit à la fidélité et à la loyauté.
20 à 45 ans Intimité ou distanciation. Puisque l’identité a été acquise lors du stade précédent, il est possible maintenant de s’engager dans des relations authentiques avec d’autres personnes sans être ébranlé. La réussite de ce stade débouche sur la capacité d’aimer. Les choix de vie peuvent commencer à se concrétiser : amour, profession. Si l’on n’est pas bien avec soi-même (intimité) on ne peut l’être avec les autres. On peut même devenir un certain danger pour l’entourage.
45 à 65 ans
(le mitan de la vie)
Générativité ou stagnation. La réussite de ce stade débouche sur la sollicitude et le souci du bien-être des générations qui suivent, et même celui de l’humanité tout entière, par des actions et des projets. Sinon on se replie sur soi ou sur son couple (égocentrisme, stagnation). Au lieu d’assumer ses responsabilités, on attend tout des autres. On éprouve alors des difficultés relationnelles.
65 ans et plus… Intégrité ou désespoir. La réussite de ce stade débouche sur la sagesse. Il détermine particulièrement comment on affrontera le reste de sa vie.

Principales tâches développementales

28 à 36 ans. Conquérir son autonomie et s’établir. Devenir autonome sur les plans affectif, social et professionnel. Se tailler une place dans le monde et s’affirmer, tout en faisant des compromis pour y parvenir.

36 à 40 ans. Devenir un adulte à part entière. Continuer de gravir les échelons, mais le besoin d’autonomie (devenir soi-même) est de plus en plus pressant.

40 à 45 ans. La transition vers le mitan. Faire le point sur le passé et vérifier ce qui reste à faire.

45 à 50 ans. L’entrée dans le mitan. Se renouveler pendant qu’il est encore temps. Faire de nouveaux choix de vie. Donner vie à ses rêves.

50 à 60 ans. Le cœur du mitan. Accepter de vieillir. S’adapter lucidement au vieillissement. Devenir plus souple, plus tolérant, plus chaleureux. Chercher à aider les autres, autant ses enfants que les inconnus.

60 à 65 ans. La sortie du mitan. Vers la sagesse et l’intégrité. S’adapter à la soixantaine et aux problèmes de santé. Approfondir ses relations interpersonnelles. Poursuivre la générativité.

65 ans et après. La vieillesse. Intégrité ou désespoir. Accepter son propre cycle de vie comme celui qui nous était destiné et que nous avons suivi délibérément. En fait, vieillir avec élégance et maturité.

Il n’est jamais trop tard!

Malgré la prévisibilité de chaque étape du cycle de la vie, rien n’est jamais figé et tout peut encore être modifié et recommencé, jusque tard dans la vie. Chaque trajectoire est différente. Les occasions perdues peuvent être rattrapées, les tâches à accomplir… peuvent l’être et cela d’autant plus que nous disposons d’une vie en plus, grâce à l’augmentation de notre espérance de vie. Ne voit-on pas des sexagénaires, nouveaux retraités, fonder leur propre entreprise ou même se remarier? Ou encore des personnes de plus de 80 ans qui continuent à travailler, tant leur expérience et leur expertise sont précieuses et recherchées?

[i] Article adapté de Relire sa vie. 21 récits pour vous guider (Flammarion Québec). Les nombreuses références sont disponibles sur demande. Principaux auteurs consultés : Carl Gustav Jung, Erik H Erikson, George Vaillant, Daniel J. Levinson, Philippe Dupuis.


Marie-Paule DessaintAuteure: Marie-Paule Dessaint, Ph.D., Auteure, Conférencière et Accompagnatrice du changement Pour consulter la fiche professionnelle de Marie-Paule sur Le RIME, cliquez ici.

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