La quarantaine approche ? Bas les masques : le processus d’individuation s’enclenche

Marie-Paule Dessaint

Cet article fait suite à celui-ci publié précédemment : La quarantaine approche : crise ou nouveau défi ?

À l’approche, et au début de la quarantaine, nous ressentons naturellement le besoin de faire changer les choses dans notre vie, de faire le bilan des renoncements consentis pour nous tailler une place au soleil. C’est alors que le processus d’individuation s’enclenche.

Le processus d’individuation a pour but de rendre notre personnalité plus authentique (on l’appelle le Soi) puisqu’elle sera moins divisée qu’elle l’était jusque-là, entre les demandes de l’extérieur et l’appel de notre être intérieur. Il va nous libérer peu à peu de certaines entraves et de certaines exigences de notre environnement professionnel, social et affectif. En faisant tomber certains masques que nous portions, par choix ou par obligation, il va surtout permettre à des composantes importantes et intéressantes de notre personnalité de sortir de l’ombre et de se manifester.

Qu’attends-tu, au juste ? Lance-toi ! Ne renonce pas par peur de perdre ton confort, tes habitudes, certains liens et, pire encore, par crainte de te retrouver seul. Débarrasse-toi de tous ces masques, de cette carapace et de tous ces déguisements qui t’empêchent d’être la personne que tu aurais voulu être. Renonce à tous ces « accommodements raisonnables » qui t’oppressent tellement !

Cette petite voix intérieure qui ne cesse de nous parler pour nous inciter à changer, c’est en fait, le Soi, la partie jusque-là inconsciente de notre psychisme qui frappe à la porte! Il veut déclencher le processus d’individuation afin que nous devenions « Soi, en mieux que le Moi seul ».

Quelle déception de réaliser tout à coup que notre vie a été en grande partie pilotée de l’extérieur alors que nous nous croyions uniques! Quelle désillusion de comprendre aussi que ce personnage public que nous avons créé l’a été au détriment de pans entiers de notre personnalité, en particulier de valeurs, de désirs, de compétences et de talents qui ont été refoulés dans l’ombre, dans l’inconscient.

Nous avons été tellement conditionnés de l’extérieur que nous croyons être les masques que nous portons.

Les masques : une frontière bien particulière

Les masques forment cette façade de nous que nous montrons aux autres. L’ensemble des masques forme la persona, par analogie aux masques que portaient les acteurs de théâtre latin. Une persona (du verbe personare, per-sonare : parler à travers) est une personne fictive stéréotypée.

Cet espace entre nous et les autres nous permet d’entrer en relation avec eux, tout en protégeant notre univers intime, particulièrement nos sentiments, nos états d’âme et, surtout, notre fragilité et notre vulnérabilité. Grâce aux masques, nous pouvons montrer et communiquer uniquement ce que nous voulons dévoiler. Nous nous sentons alors davantage en sécurité pour avancer à découvert et négocier avec les autres… masques.

Lorsque la distance entre deux masques est trop grande, la communication devient difficile, quasiment impossible.

Chez certaines personnes, la persona est tellement puissante qu’elle finit par se substituer à leur personnalité. Leur persona devient leur personne. Bien souvent pour combler un vide intérieur, elles se réfugient derrière leur statut professionnel, leur pouvoir, leur richesse et parfois leur partenaire quand il peut impressionner la galerie (un trophée!). De l’extérieur, on ne voit pas toujours leurs meilleures qualités humaines tapies dans l’ombre. Si une catastrophe se produit (santé, finance, divorce…), ce château de cartes si bien construit s’effondre parfois. La réalité frappe de plein fouet. Elles ont perdu contact avec leur personnalité authentique, leur vraie nature : le Soi.

Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des gens de carrière ou des gens fortunés croire qu’à leur retraite leurs masques vont continuer à les protéger et leur permettre d’obtenir des privilèges ou d’occuper des postes-clés dans des organisations bénévoles. Ils n’ont rien d’autre que leur persona et leur ancien pouvoir à offrir. Ils sont passés un peu loin du processus d’individuation, mais il n’est pas trop tard!

Il est difficile de nous débarrasser de nos masques, car, sans eux, nous croyons que nous sommes « moins » que ce que nous sommes aujourd’hui, moins que notre personnage social, moins que ce que nous pensons projeter aux yeux des autres. Alors, nous luttons pour les conserver, même si nous savons qu’il est de notre intérêt de les faire tomber, ne serait-ce que partiellement.

Car les masques sont quand même bien utiles pour vivre en société.

Questions sur l’approche du mitan de la vie

À la fin de la trentaine et au début de la quarantaine, on est particulièrement susceptibles de se poser certaines des questions suivantes.

  • Quelles sont mes stratégies pour me tailler la meilleure place au soleil ?
  • Comment puis-je satisfaire tout le monde et être accepté, reconnu, aimé ?
  • Pourquoi, pour quoi et pour qui suis-je en train de faire tout cela ? Ai-je été leurré par la vie et ses paillettes ?
  • Ce que j’ai accompli est-il à la hauteur des efforts et des sacrifices que j’ai consentis jusqu’à maintenant ? Tout cela en valait-il la peine ?
  • Comment me délester de tous ces poids lourds à traîner, sans pour autant renoncer à ce qui me convient encore ?
  • Comment m’accorder davantage de place dans ma propre vie ?
  • Qu’est-ce qui m’attend si je me lance dans des changements radicaux ? Qu’est-ce que je risque et qu’est-ce que je gagne ?
  • Était-ce si parfait et si léger que ça, avant ?
  • Que vais-je devenir ?

À suivre. Une première porte s’ouvre : la transition vers le mitan

 

1. Le Moi, le Soi (la personnalité authentique), l’ombre, l’animus et l’anima, ainsi que la persona, sont des concepts élaborés par le psychiatre Carl Gustav Jung. Ce sont des archétypes (images) qui représentent l’inconscient.

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