La quarantaine approche : crise ou nouveau début en vue?

Marie-Paule Dessaint

Dans la première partie de la vie, jusqu’à l’approche de la quarantaine, chacun de nous est préoccupé, avant tout, par sa propre personne, par son accomplissement et par sa réussite. Nous sommes en train de nous construire.

 

On (se) joue un peu la comédie?

Dans la majorité des cas, l’importance, autant pour madame que pour monsieur, est de devenir l’employé ou l’employeur modèle, de gravir les échelons jusqu’au sommet, d’être le conjoint parfait, le meilleur amant, le meilleur parent, l’objet de fierté de ses parents, celui qui réussit mieux que les autres, qui se trouve au sommet, qui est entouré des meilleurs amis, ceux qui partagent ses valeurs et le mettent en valeur. Celle ou celui qui a aussi la meilleure apparence, la plus belle voiture, les plus beaux vêtements, qui se maintient en forme physique, fréquente les endroits branchés et habite le plus exquis des logements.

 

Rechercher l’approbation et l’admiration

À cette étape de la vie, les choix personnels et professionnels sont bien (trop) souvent pilotés par la raison et la recherche d’approbation et d’admiration dans le regard des autres. Les questions existentielles n’ont pas encore leur place, à moins que des événements particulièrement douloureux ne surviennent en chemin.

En nous conformant ainsi aux attentes de tous, notamment à celles de nos parents, de nos enseignants et de nos employeurs, nous croyons être appréciés, acceptés, admirés, reconnus et surtout aimés. Nous sommes prêts alors à déployer bien des énergies, à consentir bien des sacrifices et même à reléguer dans l’ombre des pans entiers de notre personnalité au profit de cette image sociale idéale. Nous sommes prêts aussi à relever tous les défis.

Nous possédons d’ailleurs tous les outils et toutes les armes pour y parvenir : la jeunesse, la santé, la vitalité, la vivacité, la mémoire, l’intelligence, le charme et, bien sûr aussi, toute la vie devant nous!

C’est plutôt sécurisant de se couler ainsi dans le moule, sans trop se poser de questions, surtout que toutes ces stratégies et tous ces accommodements comportent aussi bien des avantages. Pourquoi faudrait-il donc y renoncer?

Ce faisant, nous nous forgeons une personnalité bien solide et bien prévisible : le Moi. Nous devenons « quelqu’un ».

 

Mais cela nous plaît de moins en moins

Peu à peu, nous commençons à étouffer, à nous sentir oppressés, coincés, submergés, fatigués, épuisés par tant de responsabilités, tant d’obligations et, disons-le, par tant de « mensonges ».

James, 39 ans[1], décrit bien ce qu’il vit à cette période de sa vie.

Depuis bientôt neuf mois, je me pose toutes sortes de questions à propos de mon avenir, à propos de ma vie. Le bilan des dernières années est positif mais je ne cesse de me demander si je dois continuer comme avant ou plutôt faire changer les choses dans tous les secteurs de ma vie : ma situation professionnelle, ma vie amoureuse, ma vie sociale et ma santé. Je veux toutefois conserver ma qualité de vie actuelle malgré les changements que je vais opérer, et grâce à eux aussi. Où en suis-je avec mes aspirations et mes rêves d’universitaire? Il y a vingt ans, je m’imaginais vice-président d’une grande compagnie. Je n’ai pas atteint mon objectif et je me demande si je suis trop impatient, trop idéaliste, trop irréaliste ou carrément « déchu »? Que me réserve l’avenir sur le plan professionnel? La stagnation, la progression, ou un départ à neuf dans un tout autre domaine?

 

Cesser de faire semblant, mais que va-t-il se passer alors?

À cette période de notre vie, nous en avons aussi assez de faire semblant pour être comme tout le monde et pour montrer que tout va bien même si ça n’est pas toujours vrai. Nous aimerions bien faire changer les choses mais de quoi avons-nous vraiment envie et besoin? Que faut-il faire et comment le faire? Que va-t-il se passer, alors? Serons-nous rejetés et jugés si, après un bilan, nous réalisons qu’il vaut mieux remettre en question nos choix de vie, autant au travail que dans nos relations, affectives, professionnelles et sociales?

Vaut-il mieux ignorer cet appel de changement? Continuer comme avant? Éviter de chambouler tout notre univers au risque de le mettre en péril?

Plus les jours et les mois passent, plus nous approchons de la quarantaine, plus une petite voix se fait entendre à l’arrière-plan… Il faut que ça change! Quelque chose de plus grand que ce que tu vis actuellement t’attend. Lance-toi mais sois prudent, quand même!

 

À suivre : Bas les masques! Le processus d’individuation s’enclenche!

[1] Témoignage de James, un surnom, dans Relire sa vie. 21 récits pour vous guider (Flammarion Québec), p. 32.

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut