Émettez votre intention et laissez l’univers s’occuper des détails.
Faites confiance au processus
-Carol Adrienne
Quand j’ai écrit mon livre 101 questions essentielles pour s’interroger sur le sens de la vie, j’ai posé cette question à quelques amies et amis : « Qu’est-ce pour vous que lâcher prise : solution miracle ou pression supplémentaire? »
Voici quelques-unes de leurs réponses. Lire des opinions différentes qui se complètent est une mine d’or pour qui a besoin de réfléchir à cette question dans des moments de turbulences.
Choisir nos batailles
Personnellement, j’aime l’idée de choisir mes batailles, car, parfois, plus je veux me forcer à lâcher prise, alors que je ne suis pas prête, plus j’ai tendance à m’accrocher et, par conséquent, à me sentir coupable… de ne pas lâcher prise. Le vrai lâcher-prise, il me semble, c’est continuer à agir, mais sans s’inquiéter des résultats possibles et surtout accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, y compris l’attitude, l’action et les sentiments des autres. Bien sûr, ce n’est pas facile, mais c’est la seule option valable.
J’aime beaucoup ce que le philosophe suisse Alexandre Jollien, auteur du Petit Traité de l’abandon, a dit dans une entrevue : « J’ai vu trop de gens souffrir d’angoisse ou de deuil à qui l’on disait : Il faut lâcher prise ou Il faut accepter. C’est leur infliger une exigence supplémentaire. Et puis, cela peut laisser entendre que, en appliquant des règles, des méthodes, nous pourrions atteindre le lâcher-prise une fois pour toutes et qu’ensuite nous serions prémunis pour toujours contre la souffrance. Or, ce n’est pas cela la vie. Et ce n’est pas cela l’abandon. » (Source : psychologies.com)
Témoignages sur le lâcher-prise…
Francine Cauvin. C’est un conseil que l’on me donne depuis des siècles ! Comment lâcher prise et comment le faire sans « se prendre la tête »? Malgré toutes mes lectures et un cahier d’exercices, je ne sais toujours pas y faire ! Sur des points particuliers, je suis en contrôle permanent, alors ne me parlez pas de lâcher prise, c’est trop stressant !
Pascal Drouhain. Quand je ne peux plus contrôler une situation, le lâcher-prise est, pour moi, cette image : j’arrête de conduire et je confie les clefs de ma voiture à l’univers. Je me laisse porter, peu importe ce qui se passera. La reprise de contrôle viendra en temps et lieu.
Pierre Bourgault. Apprendre à lâcher prise est nécessaire, car il s’agit essentiellement d’accepter nos limites. Ce n’est pas une solution miracle, pas plus que se brosser les dents ne l’est. On se brosse les dents pour la santé de notre dentition. On lâche prise sur ce qui est hors de notre contrôle pour notre santé mentale.
Gérard Gosselin. Comme parents, nous devons lâcher nos enfants. J’en connais qui surprotègent encore leurs « petits », alors qu’ils ont plus de quarante ans. Aussi, quand on sent qu’on n’a plus rien à apprendre en un lieu ou que les avenues sont bloquées, il faut lâcher prise. Écouter le besoin d’air pur, d’horizon vierge…
Lâcher-Prise ou Libération Prolongée?
Madeleine Petitpantalon. Le lâcher-prise (LP), c’est ce moment T où ma tête me dit « Stop ! Arrête ! ». Alors je lui réponds : « Mais, quelle bonne idée ! Je t’écoute ! » En médecine, le LP est un médicament qui se libère petit à petit dans l’organisme (libération prolongée : LP). Je préfère adopter ce traitement que de tout arrêter brutalement, car cela pourrait provoquer l’effet inverse. Donc, le lâcher-prise doit se prendre en dose constante, en libération prolongée, et non brusquement sinon, selon moi, cela peut affecter l’équilibre mental.
Claudie Bugnon. Les mots sont puissants, ils véhiculent des messages et créent des étiquettes. Je pense que le terme lâcher-prise contient une espèce d’ordonnance de détachement pour une personne qui se cramponne à un objectif ou à une situation de manière jugée déraisonnable compte tenu de ses limites ou du stress à payer. Je ne l’utiliserais jamais pour parler à quelqu’un, ce serait lui dire que je ne comprends pas son attachement ou sa détermination. Si j’éprouve moi-même une forme d’impuissance dans un contexte donné, je chercherai à m’adapter plutôt qu’à me distancer, je miserai sur ce qui m’outille (apprendre, créer, voyager à moto). Le terme adaptation contient la notion d’une aptitude vers une solution, d’un travail vers l’équilibre. Le résultat est peut-être le même que dans le « lâcher-prise », mais la route est meilleure.
Sylvie Boucher. Le lâcher-prise est un outil important qui favorise effectivement le bien-être. Cependant, son apprentissage peut être ardu et stressant parce qu’il implique premièrement de reconnaître qu’on n’a pas le contrôle sur certains éléments ou événements (donc de composer avec notre sentiment d’impuissance et peut-être notre ego offusqué) et, deuxièmement, d’apprendre à faire confiance aux résultats qui vont se produire sans notre supervision (donc de faire face à notre peur de l’inconnu, de l’échec, de la réussite, de la souffrance, etc.). Répéter aux gens « d’accepter la réalité » est souvent peu utile. J’aime beaucoup la formulation de Rémi Tremblay et Diane Bérard dans leur livre La chaise rouge devant le fleuve (éditions Guy Saint-Jean, 2015). Les auteurs suggèrent d’arrêter de combattre la réalité. Pour moi, féroce combattante, cela fait beaucoup de sens. Combien de fois avons-nous protesté, rouspété, chialé contre une situation qui ne nous plaisait pas, une situation qui ne « devrait pas » se produire, une situation « injuste », que l’on ne « mérite pas »? Pendant combien de temps nous torturons-nous à essayer de trouver une façon de modifier cette situation alors qu’elle n’est pas sous notre contrôle et qu’il n’y a pas de solution?
Cesser ce combat contre la réalité est la première étape du lâcher-prise. Le lâcher-prise concerne aussi le détachement face aux résultats de nos efforts. Autrement dit, je vise tel objectif et je pose les gestes nécessaires, sans m’inquiéter des résultats.
Et pour vous? Qu’est-ce que le lâcher-prise? Y parvenez-vous toujours? Si oui, par quels moyens?