LE PARDON!

Josée Durocher

« Alors, commençons donc par nous pardonner à nous-mêmes, dirons-nous. Pas facile, car cela demande une grande introspection et une grande franchise relativement à soi. »

Lors de mon divorce, le juge m’a demandé : « Lui avez-vous pardonné? »

Ma réponse fut : « Si oublier veut dire pardonner, alors jamais je ne lui pardonnerai. »  À l’époque, on m’avait dit que de pardonner voulait aussi dire oublier ce qu’on m’avait fait. Pour moi, il était alors clair que jamais je ne pourrais pardonner, puisque je ne pouvais oublier tout le mal qu’on m’avait fait.

Plus tard dans ma vie, j’entendis dire que pardonner ne voulait pas dire oublier, que malgré le fait qu’on ne pouvait oublier, on pouvait pardonner. OK et encore! Il fut un temps où on m’avait dit que pour avoir à pardonner, il fallait que la personne qui nous avait fait du tort ait eu une intention claire de nous blesser. Dans ma tête, je me disais que c’était certain que personne sur terre ne pouvait avoir l’intention claire de blesser ou de faire du mal à ceux qu’on aime, donc je n’avais pas à pardonner à qui que ce soit.

Il est expliqué que le pardon est le résultat de l’acte de pardonner, la rémission d’une faute. C’est tenir une offense, une faute, pour nulle (et/ou l’excuser) et renoncer à en tirer vengeance.[1]   Dans le Larousse[2] il est défini comme suit : « Fait de ne pas tenir rigueur d’une faute; rémission d’une offense; accorder son pardon. »  Ma question est celle-ci : pour accorder son pardon, doit-on nous avoir demandé de le faire? Demander pardon? Si c’est le cas, on risque de ne jamais pardonner à notre « bourreau ».

PAR DONNER – SE DONNER, À SOI, LA LIBERTÉ

cheval

Dans les milieux du développement personnel, le pardon est abordé par plusieurs auteurs comme le moyen de se libérer soi-même de l’étau de la haine, du poison émotionnel du ressentiment, dont les effets toxiques touchent, en premier chef, ceux qui les cultivent.[3]

Alors, commençons donc par nous pardonner à nous-mêmes, dirons-nous. Pas facile, car cela demande une grande introspection et une grande franchise relativement à soi. Et la personne à qui l’on ment le plus facilement est soi. Tout ce que l’on garde en dedans de soi, nos zones sombres, la culpabilité, la colère envers l’autre, mais aussi envers soi, la honte – celle d’avoir fait confiance, etc. Tout cela, il faut le regarder en pleine face et être honnête et intègre envers soi-même; pas facile, mais petit à petit, et parfois avec l’aide d’un thérapeute, on peut y arriver. Je peux vous assurer qu’en prenant ce chemin, ce que l’on retrouve au bout du tunnel c’est la lumière de la liberté.

S’il est vrai qu’il fallait que la personne qui nous avait fait du tort devait avoir eu une intention claire de nous blesser, il faut aussi nous demander si nous avons, envers nous-mêmes, l’intention claire de nous faire mal en entretenant les événements de notre passé qui nous ont brisés, blessés, parfois presque détruits.

Comment peut-on y arriver?

Puisque souvent les blessures qui nous affligent viennent du passé, serait-ce le fait que nous vivions dans ce passé qui fait que nous n’arrivons pas à pardonner? Nous pouvons tous nous rappeler un moment où une personne nous a ramenés dans le passé en nous racontant un geste que nous avons fait ou une parole que nous lui avons dite et qui l’a blessée et, bien que nous fassions des efforts, nous ne nous en souvenons pas.

Pouffff! Ce n’est plus là dans notre mémoire, mais c’est toujours bien vivant dans la sienne. Parfois, et même j’oserais dire souvent, nous gardons en mémoire des événements où nous nous sommes sentis victimes et, sans même en être conscients, nous nous entraînons à raviver, à notre mémoire, à nous le rappeler, à garder vivants ces faits, moments et paroles comme si, en faisant cela, nous voulions punir l’autre de nous avoir fait mal. Et tout cela, dans l’inconscience.

Le fameux triangle, bourreau – victime – sauveur. Si on joue à ce jeu, on ne s’en sortira jamais et on restera une victime pour le reste de sa vie et on pourrait se retrouver à entretenir en soi la vengeance, la haine, la colère et toutes les émotions négatives qui s’y rattachent. Une vraie vie d’enfer.

Choisissons d’être nos propres Sauveurs!

Comment? En laissant aller le passé et en vivant dans le moment présent, nous découvrirons ainsi les joies de vivre. Dans son livre « Pardonner – L’ultime délivrance »[4], Gerald G. Jampolsky partage avec nous des histoires vécues qui ouvrent notre cœur aux miracles du pardon et nous fournissent de nombreux « rappels », nous permettant de réorienter nos existences.

Ce livre de Gerald G. Jampolsky est basé sur les enseignements d’« Un cours en miracles »[5] et de là vient la fameuse citation « Le pardon signifie abandonner tout espoir d’un passé meilleur ». (Traduction de « Forgiveness means giving up all hope for a better past »). Celui qui tient le plus à ce que l’on vive et pense à notre passé est l’Ego, il ne veut pas que l’on soit en Paix, car il perdra son pouvoir sur nous. Il emprunte différents chemins et formes aussi afin de nous manipuler et nous faire croire que nous ne sommes que blessures et victimes.

Dans le livre d’Eckhart Tolle, « Nouvelle Terre », il est aussi fait mention de l’Ego et du Corps de souffrance[6], qui est une partie de notre Ego, c’est la partie qui retient toutes les émotions douloureuses, telles que la colère, la jalousie, la tristesse, la haine, la déprime… etc., et qui finit par nous rendre malades. Je dirais que c’est le Coyote[7], qui nous habite, celui qui aime jouer des tours, nous manipuler afin d’avoir toute notre attention et, s’il faut qu’il passe par la maladie pour ça, eh bien il le fera, et très bien en plus. Nous finirons par ne parler que de nos maladies, nous n’existons que par elles et cela aux dépens de l’Esprit qui nous habite. L’Esprit vit dans le moment présent, l’Ego dans le passé.

Que faire pour être dans l’« Ici et maintenant » seul espace/temps qui existe?

La seule chose à faire, lorsque nous réalisons que nous sommes à raviver le passé, est de prendre une grande respiration, consciente le plus possible, et de revenir dans le moment présent. C’est un exercice à faire et refaire, car notre Ego ne veut pas que nous vivions dans la conscience et l’instant présent, puisqu’il perd tout contrôle sur nous.

Nous sommes tellement programmés à penser à tout ce que nous avons à faire ou à tout ce que nous avons fait, et que nous referions différemment, que nous oublions de vivre là, juste maintenant, ici et maintenant. Nous vivons dans un monde de stress, de comparaison, de compétition et de consommation, ce qui fait que nous sommes rarement dans la paix. Ainsi, nous sommes souvent affligés par la culpabilité, nous nous en voulons pour maintes et maintes raisons, qui se retrouvent toujours dans le passé, puisque dans le moment présent nous n’avons aucun contrôle sur ce qui s’est passé, mais par contre, dans le présent nous avons tout le contrôle sur notre pensée, nos actions et nos choix.

Alors, quand nous sommes troublés et que nous réalisons que ce qui nous trouble vient du passé, prenons une grande respiration et revenons ici et pardonnons-nous d’avoir, pour un petit instant, laissé notre Ego nous jouer un tour pour nous ramener dans notre rôle de victime en nous attachant à notre passé.

La seule personne à qui l’on doit pardonner est soi-même

Je sais, ce n’est pas facile, nous sommes tous humains et conditionnés à souffrir. On nous a tellement dit : « Il faut souffrir pour être belle – il faut souffrir pour gagner son ciel, etc. »  Se pardonner est un acte important pour aller de l’avant et se libérer du passé. C’est également une manière de protéger notre santé et notre bien-être en général.[8] Considérons le pardon positivement. Si nous sommes gênés par l’idée que le pardon implique que nous ne devons plus ressentir des sentiments intenses comme le ressentiment et la colère, disons-nous que le pardon peut être une chance pour ressentir des sentiments positifs intenses comme la joie, la générosité et la confiance en soi.

Si nous avons besoin d’aide pour arriver à nous pardonner, n’hésitons pas à aller en chercher, car plusieurs livres et articles peuvent nous aider en nous proposant des méthodes ou étapes à suivre pour y arriver. Et n’oublions pas que c’est un travail qui sera échelonné sur une longue période de notre vie; mais quel beau cadeau nous nous offrirons! Pour ma part, j’en suis arrivée à reconnaître que ces événements, aussi tristes et difficiles furent-ils, ont fait en sorte que je suis ce que je suis aujourd’hui et, pour cela, je peux rendre grâce.

Bon voyage à nous tous, vers une paix intérieure et une vie remplie de joie.


[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pardon
[2] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/pardon/58105
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pardon
[4] https://www.decitre.fr/livres/pardonner-9782923717814.html
[5] http://editionsoctave.com/un-cours-en-miracles-%E2%80%93-nouvelle-%C3%A9dition-augment%C3%A9e
[6] http://22etoiles.com/enseignement/corps%20de%20souffrance.pdf
[7] Dans la symbolique amérindienne, le coyote est le maître de l’illusion qui tombe souvent dans ses propres pièges; il se laisse prendre à son propre jeu. C’est un peu ce que fait l’égo par le corps de souffrance.
[8] https://www.conscience-et-eveil-spirituel.com/etapes-se-pardonner.html

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