Mangez ce qui se trouve dans votre pelouse, pourquoi pas ?

Jessie Séguin

Hier, j’ai fait le tour de ma pelouse et j’ai choisi quelques pousses fraiches pour me faire une salade magnifique et cela m’a donné envie de vous parler de toutes ces possibilités qui vous entourent. En saison, la nature est pleine de ressources plus goûteuses les unes que les autres. Il suffit de baisser les yeux, de s’accroupir dans votre parterre et de cueillir ce qui vous fait envie !

Commençons par une fleur que vous connaissez bien : la marguerite blanche !

La marguerite blanche (Chrysanthemum leucanthemum) est une fleur connue pour son jeu d’effeuillage : « il m’aime, il ne m’aime pas… ». Sachez qu’elle procure bien plus qu’une distraction et amène saveur et originalité sur votre table. Toutes les parties de la marguerite sont comestibles et vous pourrez la cueillir tout au long de la saison. Les feuilles, comme la plupart des plantes, sont plus tendres et douces au début de la saison. Les feuilles peuvent être insérées à une salade, un sandwich ou même cuite à une omelette ou une quiche. Les boutons floraux sont savoureux et peuvent remplacer les câpres. Avant la floraison, vous devez cueillir le bouton encore fermé et le macérer dans le vinaigre de cidre de pomme pour en faire une marinade. De plus, les fleurs sont comestibles et si jolies qu’elles peuvent servir de décoration pour différentes pâtisseries.

Si vous souhaitez conserver la marguerite, pourquoi ne pas la sécher dans un déshydrateur quelque temps pour pouvoir la consommer comme une tisane en temps voulu ? De mon côté, je la fais sécher dans mon déshydrateur entière quelques heures. En consommant de la tisane de marguerite, vous retrouverez des bienfaits similaires à celui de la camomille tels que :

  • Appel au calme
  • Tonique de la digestion
  • Diminution des spasmes et des crampes
  • Diurétique

 Le plantain majeur (Plantago major) est une des premières plantes médicinales que les enfants apprennent à utiliser lorsqu’ils se font piquer par un insecte. Les enfants, tout comme les adultes, mâchent la feuille qu’ils appliqueront sur la blessure qui grattouille. Les feuilles du plantain sont comestibles et rappellent le goût du champignon. Elles peuvent être consommées crues ou cuites comme des épinards tout au long de la saison. Vous pourriez en ajouter dans votre recette de soupe préférée ou en faire un potage. La tige va porter les graines et lorsqu’elles seront prêtes à être cueillies en automne ils pourront être utilisés dans vos salades crues ou dans vos sautés de légumes.

Les graines contiennent un gel qui retiendra l’eau et permettra d’apaiser les intestins irrités.  Pour la constipation, vous devez mettre environ une demi-cuillère à thé de graine de plantain dans un grand verre d’eau, vous attendez quelques minutes et ensuite vous buvez le tout. D’ailleurs, le psyllium est un laxatif que vous achetez dans les magasins de produits naturels qui provient d’une variété de plantain qui pousse plus au sud. Ce sont aussi ces graines que l’on retrouve dans le Métamucil que vous connaissez probablement.

En plus de contenir des mucilages, le plantain nous apporte de la vitamine A, C, E, de la chlorophylle, du magnésium, du fer et des fibres.

En herboristerie le plantain est utilisé :

  • Sur les plaies et les piqures pour ses propriétés antiseptiques
  • Cicatrisantes
  • Vulnéraires
  • Pour les maladies du sang
  • Les affections du système respiratoires (maux de gorge, grippes, bronchites, pneumonie…)

J’aime ajouter l’huile de ces feuilles dans des suppositoires pour aider à diminuer les douleurs ainsi que les démangeaisons reliées aux hémorroïdes. Cette plante a aussi la capacité de resserrer les tissus du corps humain et d’apaiser les irritations de la peau.

Ma première expérience avec cette herbe a été très instructive. Je voulais faire un macérat de feuille fraiche de plantain pour pouvoir bénéficier de ces propriétés thérapeutiques dans mes différentes préparations. Une fois les feuilles cueillies, je les ai déposées dans un bocal en vitre et j’y ai versé de l’huile de tournesol. Après quelques mois, j’ai filtré ma macération et l’odeur de fromage était si puissante que j’ai pensé que je l’avais raté ! Mon enseignante en herboristerie m’a répondu : « Bravo ! tu as réussi ta préparation ! » Elle m’a expliqué qu’elle avait déjà fait revenir des feuilles de plantain dans une poêle avec de l’huile et que lors de la dégustation elle avait constaté son goût fromagé savoureux ! Surprenant, non ?

L’hémérocalle fauve (Hemerocallis fulva) est une plante très connue des jardiniers et pousse sans trop d’entretien un peu partout maintenant, même en dehors des jardins ! La fleur est jolie en plus d’être comestible, ce qui lui permet de servir de décoration ou bien d’être farcie pour épater la galerie. Elles peuvent aussi bien être mangées en salade ou même trempées dans une pâte pour être ensuite frît. Les boutons floraux, tout comme la marguerite et le pissenlit, peuvent être apprêtés comme des câpres. Les étamines de la fleur peuvent être séchées à part pour ensuite servir d’épice dans différents plats de votre choix. Un peu comme le safran le ferait ! La racine cueillie au printemps ou en automne peut être consommée comme une patate, que ce soit bouilli, frit ou braisée. Vous pourriez même congeler une partie de votre cueillette. Au printemps, lorsque les jeunes poussent font leur apparition, vous pouvez les cueillir et les apprêter de différentes façons. Par exemple, vous pourriez les cuire à la vapeur, les faire pocher, les saisir rapidement ou bien les manger crues.

En herboristerie, elle est très peu utilisée peut-être par manque de connaissance et d’enseignement. Pourtant, la fleur en tisane est une aide précieuse pour

  • Contrer la constipation
  • Diminuer les brulements d’estomac et les ulcères digestifs
  • Apporter calme et nutriment

De plus, utilisée dans une huile ou macérée dans la glycérine végétale, elle sera régénérante et antiride une fois cette concoction appliquée sur la peau. Si vous êtes moindrement habile dans la fabrication de produits cosmétiques, vous pourriez ajouter la macération de fleur d’hémérocalle dans tous vos produits de soins antiâges !

Rappelez-vous que les abeilles ont besoin de ces fleurs pour survivre. Pour les aider, vous pourriez planter des herbes comme l’asclépiade ou du trèfle rouge et éviter de tondre votre gazon là où elles poussent. La saison des plantes comestibles est commencée et je vous invite à observer votre pelouse. Vous pourriez aimer gouter le tussilage, le pissenlit ou même le lierre terrestre ! Bientôt, les pousses ne seront plus et de bien grandes feuilles apparaitront. S’ensuivront les magnifiques fleurs de diverses couleurs qui embelliront le paysage québécois. Les abeilles polliniseront ces sublimes sommités fleuries pour qu’elles se transforment en fruit puis en graine qui annonceront tranquillement l’automne et la cueillette des racines. L’hiver viendra et nous retournerons sur nos canapés en attendant que le printemps revienne pour nous délecter de la flore printanière. Alors, ne perdez pas de temps, sortez à la conquête de votre pelouse et revivifiez votre corps. Il vous en remerciera.

PS Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les plantes comestibles et leurs propriétés, vous pouvez participer à l’une de mes balades d’identifications de plante offerte seulement en saison et dans les Laurentides. Lors de ces rencontres, c’est avec plaisir que je vous ferai découvrir les plantes qui ornent votre gazon, mais aussi ceux des champs et des prés.

Je veux voir les prochaines dates des balades d’identification de plante !

Maintenant que vous avez fait un petit tour dans ma pelouse, que contient la vôtre ?

Jessie Séguin


Références

FLEURBEC. Plantes sauvages des villes et des champs volume 1, Saint-Henri-De-Lévis, Québec, Fleurbec éditeur, 1978, 288 p.

FLEURBEC. Plantes sauvages au menu, 2e édition, Saint-Henri-De-Lévis, Québec, Fleurbec éditeur, 2005, 191 p.

LAMOUREUX, Gisèle. Flore printanière, Saint-Henri-De-Lévis, Québec, Fleurbec éditeur, 2002, 575 p.

LE GAL Gérald, LE GAL, Ariane. Cueillir  la forêt, Montréal, Cardinal, 2022, 469 p.

SCHNEIDER, Anny. Je me soigne avec les plantes sauvages, Montréal, Les éditions de l’homme, 2011, 302 p.

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2 réflexions sur “Mangez ce qui se trouve dans votre pelouse, pourquoi pas ?”

  1. Super! La Mère Terre est tellement généreuse!
    Dommage que ne la connaissons pas vraiment aux niveaux des plantes indigènes comestibles. Vos cours dont les bienvenus dans le nouveau monde.
    Merci pour ces quelques infos.

    1. Jessie Séguin

      Coucou Sara ! Super contente que tu ais aimer ! Effectivement, nous avons perdu beaucoup de savoir ancestraux, mais sache que des plantes ont disparus pour laisser place à de nouvelles. L’écosystème s’adapte pour survivre lui aussi ! C’est fascinant 🙂 Au plaisir de discuter avec toi 🙂

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