Aller au fond de son trou de bouette

Sherley Cantin

Le fond du « trou de bouette » arrive quand j’ai vécu une grosse déception ou plusieurs déceptions à répétition. Je ne me sens plus nourrie et je me rends compte que je vivais sur des illusions ou de fausses conceptions. Alors mon monde, mes croyances s’écroulent. Je perds mes points de repère. Et parfois confiance en la vie et en les autres.

Ça arrive, aussi, parce que ça fait trop longtemps que je ne suis plus sur mon X, épuisée de ne pas être au centre de moi et de ne pas faire ce qui me nourrit réellement, je me sens vide et je perds ma vitalité puis ma joie et parfois même ma raison de vivre… Je vis en quelque sorte une mort à moi-même. Je me dévitalise, parfois tout d’un coup et parfois à petit feu.

Ça arrive, encore, quand j’ai déployé beaucoup d’énergie dans une direction (projet, relation, travail, etc.) qui me semblait le meilleur choix, parce qu’il me semble avoir écouté mes intuitions, avoir suivi le plan prévu et que les résultats se font toujours attendre… Je remets tout en question, ma confiance en moi en prend un coup et parfois même mon estime de soi s’affaiblit. Ça arrive parce que je n’ai pas su lâcher prise et me détacher des résultats. J’étais trop rigide dans ma façon de vouloir les choses… Je n’ai pas pris conscience des apprentissages que j’avais à faire et qui mènent au prochain pas à faire…

Dans tous les cas, peut-être que j’avais besoin d’aller jusque-là pour me permettre de laisser s’écrouler tout ce qui ne me servait plus, tout ce qui ne faisait plus sens… Tout ce à quoi je m’attachais avec acharnement. Au final, j’en conviens que j’avais besoin de ces expériences pour me permettre de me redécouvrir et bien souvent tout simplement me découvrir différemment. Pour plusieurs, c’est la première fois qu’ils osent se rencontrer… Rendu au fond du trou il n’y a rien d’autre que soi-même, dénudé de tout ce qui ne tenait plus la route.

Chacune de ces expériences est donc une belle occasion de me redécouvrir, de faire le ménage dans ce qui n’est plus bon pour moi, ce qui n’est plus moi ou ne m’appartient pas. Pour retrouver qui je suis, je fais une sorte d’abandon à soi, un relâchement de toutes les résistances. Oui, être forte est important mais bien souvent, je ne me servais pas de la force de la bonne façon. Je la prenais pour lutter contre moi-même. J’ignorais mes signaux d’alarme, j’étais à contre-intuition, contre-courant… Je m’acharnais dans une direction, je m’accrochais à une idée, une personne ou une situation, etc.

Rendu au fond du trou de bouette, je cesse de me battre et d’animer, de donner vie à ce qui n’a plus sa raison d’être… d’où l’impression de mourir parfois, plus rien n’a de sens et ça peut être une descente en enfer. Si j’accepte d’aller visiter le fond, d’aller le toucher, c’est ce qui me donnera l’élan pour en ressortir. Mais, il me faut passer à travers le malaise, c’est à dire d’accepter de toucher, de ressentir et d’affronter la douleur et la souffrance en moi… C’est la seule façon de s’en libérer. Mais bien souvent, la douleur est aussi reliée à ma résistance face à la situation ou à mon refus de voir ce qui se cache dans ce fameux trou de bouette. Je résiste à laisser partir ce qui doit partir, à accepter que tout change, que tout est en mouvement tout le temps…

enfant dans la bouetteLa profondeur du trou de bouette est proportionnelle à la quantité de choses qui ne me correspondent plus, que j’ai laissé s’accumule au fil du temps et que j’ai laissé passer avant de m’en occuper. Mon trou de bouette représente toutes ces choses que je n’ai pas adressées et qui ne sont pas réglées. Ça devient difficile d’identifier ce qu’il contient et de démêler tout ça. Alors, quand la vie nous présente des situations dérangeantes du passé, quand elles remontent à la conscience c’est qu’il est temps de s’en occuper. C’est une opportunité de les régler.

Et selon ce que je découvre ou selon l’intensité du malaise, il est important de ne pas rester seule. Il importe d’aller chercher l’aide nécessaire pour explorer ce trou de bouette et faire les transformations nécessaires pour en ressortir grandie. C’est bien de plonger, volontairement ou non, mais il faut aussi être capable d’en ressortir. On veut en ressortir plus fort et non pas se noyer dedans.

Bref, prendre le temps d’accueillir et d’accorder de l’attention à toutes ces émotions, ces pensées et ces croyances, c’est ce qui nous permettra de se retrouver (tout nu, démuni, fragile ou incertain au début) mais en persistant dans cette direction, on se renforce et on se raffermit. Et c’est à ce moment que notre vraie force, notre puissance intérieure et une nouvelle lumière peuvent émerger…

Et toi ?
Vas-tu de temps en temps dans ce trou de bouette pour y faire un peu de ménage ?

bouette

Je t’invite à prendre le temps de ressentir et régler ce qui remonte spontanément de ton trou de bouette jusqu’à ta conscience.

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