La résilience

Le RIME

Dompierre (2)   Qu’est-ce que la résilience?

« La résilience désigne la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération.(1) »

En physique, le terme résilience désigne la capacité d’une matière à absorber un choc. Alors que certains matériaux vont se briser (ex. : céramique), d’autres ont la capacité, jusqu’à un certain point, à résister (verre, métaux). Ils absorbent le choc en se déformant afin d’éviter d’être brisés. Chaque matériau a sa propre limite à encaisser le choc avant de se briser. De plus, certains d’entre eux reprennent leur forme initial après le choc alors que d’autres subissent des déformations permanentes.

Si on se tourne du côté du droit, résilier un engagement signifie que l’on se dégage de quelque chose qui nous liait au passé, nous n’en sommes plus prisonniers.

Dompierre (3)Boris Cyrulnik, psychiatre et psychanalyste qui a introduit et développé le concept de résilience en France dans les années 90, a transposé le terme à la psychologie. Il parle de « capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité ». La résilience, c’est la capacité à surmonter les traumatismes. C’est le ressort qui nous fait rebondir après une épreuve importante. Le concept s’applique aux événements traumatiques mais il s’est étendu à toutes les expériences douloureuses de la vie. « Il s’agit d’une qualité personnelle permettant de survivre aux épreuves majeures et d’en sortir grandi malgré l’importante destruction intérieure, en partie irréversible, subie lors de la crise(2). »

Est-ce que tout le monde est résilient?

Être résilient ne signifie pas être invulnérable ou avoir des qualités supérieures. Il s’agit d’une capacité à rebondir après une blessure, en la laissant derrière pour se tourner vers le meilleur devant nous. En fait, la résilience fait en sorte que nous sommes capables de beaucoup plus que nous le croyons.

Des études ont été réalisées sur le cerveau pour voir s’il existait des prédicteurs de résilience. Or, l’observation de bandelette d’ADN a permis de voir que le cerveau d’une personne sécrétera beaucoup ou peu de dopamine et de sérotonine, ces substances euphorisantes parfois appelées « Feel Good Hormone », qui rendent actif et positif. Toutefois, aucune étude ne peut déterminer génétiquement si un enfant développera ou non la résilience au cours de sa vie.

Dompierre (4)Les parents qui favorisent l’expérimentation chez leurs enfants les aident à devenir résilients. En effet, en apprenant à faire face aux situations de la vie, les enfants développent des mécanismes de protection et des moyens d’adaptation efficaces face aux problèmes importants.

Les études ont démontré que les personnes qui réussissaient à s’en sortir après une épreuve gagnaient en estime d’elle-même, ce qui changeait complètement leur façon de percevoir l’événement. En réussissant quelque chose, elles acquéraient de la fierté. Ainsi, la confiance de pouvoir faire face à n’importe quelle situation s’installait en elles. C’est pourquoi l’attitude des personnes qui les entourent revêt un caractère important. En considérant la personne comme une victime, on lui enlève le pouvoir sur la situation, comme si elle ne possédait pas les compétences pour s’en sortir. Les gens résilients ne veulent pas être perçus comme des victimes. Ils désirent surmonter l’épreuve en faisant appel à leurs ressources internes.

Quels sont les facteurs qui favorisent une évolution résiliente ?

Boris Cyrulnik mentionne trois principaux facteurs qui influenceraient le développement de la résilience chez l’enfant :

  •  le tempérament de l’enfant
  • le milieu affectif dans lequel il baigne au cours des premières années
  • un environnement soutenant ou non.

Par ailleurs, il a observé que les enfants, naturellement, mettent en place des éléments qui favorisent le développement de la résilience. Il s’agit d’attitude de protection.

D’abord, il mentionne le refus d’être emprisonné dans un rôle de victime passive. L’enfant, qui exprime ainsi une certaine révolte face à l’état de victime, croit en ses propres forces pour surmonter les obstacles de la vie. La personne refuse d’être condamnée au malheur.

Cyrulnic parle aussi de rêve en référence à la capacité d’organiser la pensée pour donner un sens ou combler les vides. L’enfant recrée en imagination la situation afin de « corriger » ce qui ne fonctionnait pas dans l’événement initial. Il donne comme exemple Georges 8 ans, dont les parents sont disparus sans qu’il sache ce qui était arrivé. Plus tard, Georges Pérec écrira « pour leur donner un tombeau ». Nous avons tous entendu parler de son roman, La Disparition, qui ne comporte aucun E. Les E sont absents, disparus, comme ses parents. Il a donc utilisé un processus mental pour exprimer l’idée de l’absence douloureuse que représentait la disparition de ses parents.

Il observe aussi que les gens résilients ont toujours eu des rêves fous, proche de la mégalomanie. C’est comme si au fond de ces enfants, une voix répétait qu’un jour, ils vont s’en sortir, qu’ils vont atteindre des sommets, qu’ils vont savoir quoi faire pour surmonter n’importe quelle épreuve et être chaque fois plus fort.

Autre élément observé, le déni. On connait tous des personnes qui ont vécu des épreuves et qui nous disent que ce n’est pas grave, qu’on se sort de tout, ce n’était pas si pire. Cette attitude de déni leur permet de se protéger de la pitié des gens qu’ils côtoient. Ils préservent ainsi leur dignité et leur propre image. Ceci dit, dans le fond de leur cœur, la blessure est toujours présente et douloureuse. Seulement, ils refusent d’être pris en pitié, sachant qu’ils s’en sortiront.

Finalement, Cyrulnik parle de l’humour comme mode de défense afin de développer sa résilience.  Bien que l’humour soit très variable selon la souffrance vécue, il a observé que les personnes qui savent rire de ce qui leur est arrivé et qui savent aussi faire rire les autres sentent qu’ils peuvent s’intégrer sans être perçu comme une « pauvre personne » qui a vécu tant de misère, victime de la vie.

Peut-on développer sa résilience?

Bonne nouvelle, il est possible de cultiver sa résilience! Rien n’est figé dans le temps. Bien que des prédispositions soient observées chez certaines personnes, les études démontrent qu’il est possible que les attitudes favorisant le développement de la résilience évoluent dans le temps. La clé est l’implication personnelle. Dans mon texte précédent (le « Y »), je parlais de décision. Face à une situation, on a le choix : soit on s’apitoie, soit on relève nos manches pour faire face et trouver des solutions. Par exemple, une personne qui s’aperçoit qu’elle a tendance à l’apitoiement pourra développer, par un travail personnel et parfois avec l’aide d’un professionnel, des attitudes de responsabilisation, refusant ainsi d’être victime et endossant un rôle actif pour devenir acteur de sa vie. Elle pourra regagner de la confiance en ses propres ressources tout en accueillant chaque situation comme une occasion de grandir.

DompierreNick Vujicic, atteint d’une rare maladie le laissant sans bras ni jambes est un modèle de résilience. Ici, avec son épouse et leur fils.


Références :
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9silience
(2) http://www.redpsy.com/infopsy/resilience.html
http://www.aufeminin.com/therapies/resilience-s637867.html
http://www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Travail-psychanalytique/Interviews/Resilience-comment-ils-s-en-sortent


Sylvie DompierreAuteure: Sylvie Dompierre, Consultante en relation d’aide et réflexologue
Pour consulter la fiche professionnelle de Sylvie sur Le RIME, cliquez ici.

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