Le nouveau stress des fêtes

Alain Marillac

Belle année qui s’achève! J’ai quitté Montréal en son début, réparti mes patients chez des collègues. Et me voilà à Bedford avec le défi d’une nouvelle clientèle au sein d’une clinique où je loue un espace… au mois de mars. Juste au début de la Covid et des fermetures. Yes! J’ai alors tout le temps de réfléchir.

Avec les rives du lac Champlain, je mesure les avantages de l’éloignement  en temps de pandémie, ici, pas de problème pour marcher quinze kilomètres sans croiser personne. La distanciation est naturelle en raison de la géographie. Même durant l’été, au plus fort du tourisme. La campagne devient peu à peu un monde à part. Ce qui n’empêche nullement l’apparition de stress important chez les habitants. Mais là, je relativise, j’ai presque le goût de revisiter une fable ancienne pour en faire « le stress des villes et le stress des champs ».

À l’approche des fêtes, les tensions qui sous-tendent les rassemblements sont les mêmes. La différence vient nettement de la proximité. Globalement, la campagne est plus conviviale et les gens plus en contact les uns avec les autres surtouts avec la famille. Plus facile aussi de se protéger. Même de loin, il existe une communauté de voisinage.

Paradoxalement, cela me renvoie à un temps, pas si éloigné, où je multipliai des conférences sur le stress des fêtes. Un vrai mal chez les citadins. Chaque année revenait le même processus. Ça partait avec une phase d’anticipation qui s’installait progressivement de deux manières différentes. D’un côté, le bonheur du rassemblement familial, les aficionados du cadeau, les tricoteurs de lumières décoratives et les sculpteurs de buches surtout chocolatées. De l’autre, on ravivait mentalement les conflits en latence; le frère ou la sœur qui focalise une opposition souvent ininterrompue depuis l’enfance; le beau-frère un peu lourd que l’on va encore devoir éconduire; les remarques déplacées des parents qui ne supportent pas les choix de l’un ou l’autre des enfants, etc. Et toujours l’oubli de régler ses problèmes durant le reste de l’année.

Mais le 2020, nouveau, est arrivé. Il marque une rupture de cycle. Voici le temps de réinventer les fêtes. Côté social c’est tout à coup une raison valable et acceptable de ne pas se rendre sur le fief familial. Du moins, pas tous en même temps. Un lâcher-prise imposé, qui ramène à soi.

C’est aussi une option, un regard sur la consommation en ligne versus l’achat local. Les rencontres sur Skype, Zoom, Messenger ou autres plateformes sont devenues des alternatives réelles. L’écran omniprésent pousse à l’imaginaire. La réunion familiale nous oblige à la participation visuelle. Non seulement il y a le visage des autres, mais le nôtre aussi, veux, veux pas, on se voit, on prend conscience de soi et de son rapport aux autres de manière plus aigu. La fermeture de caméra devient virale. Le toucher est à redécouvrir.

À réduire les convives, on se choisit enfin et on se favorise. On déstresse. Mieux manger, mieux partager, mieux offrir devient possible. L’impératif de distance apporte une qualité de vie. La diminution du temps de « contact » est bénéfique. La Covid a du bon! Étrange à dire. L’évitement des autres offre une option vers soi, un questionnement des vrais choix. C’est alors le manque d’habitude qui surgit. On frappe l’obligation de se côtoyer soi-même. Le stress nouveau monte avec la fréquentation de soi. On plonge plus profondément dans les applications multiples pour s’oublier encore un peu, comme avant.

Nous les thérapeutes de toutes disciplines, accueillons ces fêtes et leurs offrandes de folies passagères qui alimentent nos bureaux. C’est notre cadeau. On palpe le stress et la peur, on relaxe le gros nerf et on assouplit les articulations. On offre une Terre Happy. Quelque part, nous sommes les seuls à rester au contact. Au final, notre monde évolue vers une certaine recherche de qualité et un regard sur autrui plus assumé. Même le stress change de masque.


Alain Marillac

Publicité

1 réflexion sur “Le nouveau stress des fêtes”

  1. Johanne Constantineau

    Merci de ton message très important pour nous tous C’est tellement la réalité les gens s’oublient et ne réalisaient surtout pas que leurs vies ils l »uti;lisaient pour régler des problèmes au lieu de créer leurs propres vies sans peur de déplaire à qui que se soit
    Aujourd’hui avec la pandémie le monde réalise qu’il se sont oublié pour qui ou pourquoi Selon moi C’est le meileur temps pour nous tous d’observer » c’est quoi le plus important pour moi  » pâs seulement le dire mais l’expérimenter et la santé sans le stress selon moi c’est le début de la joie du bonheur et de l’amour de soi
    Tout est à l’intérieur de Soi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Choisir votre devise
CAD Dollar canadien
EUR Euro
Retour en haut