Voici quelques années, les clients venaient consulter avec un problème, une contrariété, une phobie etc. Bref! Quelque chose d’à peu près clair que l’on pouvait explorer et pour lequel il était possible de trouver une solution. Plus le temps passe et plus je reçois des personnes qui consultent pour un trouble qu’elles « n’ont pas encore ».
Étrangement, cela m’a fait penser aux études qui remontent à l’après Hiroshima, on avait constaté alors que les survivants, leurs enfants et petits-enfants vivaient une forme de post trauma…non vécu. Les plus proches de l’événement gardaient le souvenir et les sensations…mais ensuite, dans les générations subséquentes, c’était la crainte d’un événement similaire. La mémoire des autres. Alors sans avoir aucune raison ces personnes devenaient anxieuses et agressées par un événement qui ne menaçait pas vraiment et qui, a priori, n’avait pas lieu d’être.
La Covid a été un accélérateur à ce type de problématique, mais aujourd’hui : plus besoin de logique. On souffre d’un fait imaginaire et l’on accumule les symptômes les plus divers, réels ou fictifs.
Il s’agit désormais de démonter toute la logique, illogique, d’un mal qui n’existe pas. La seule solution est d’arriver à une prise de conscience du nœud gordien et à l’acceptation de le couper en deux.
Mais mieux encore! Tous les adeptes de jeu vidéo pratiquent une sensation réelle dans un contexte non réel. Pour moi, là est la clef thérapeutique. Si je sais que j’éprouve des sensations réelles qui peuvent m’affecter alors que je m’immerge dans une imagerie artificielle. ALORS je comprends que j’agis de la même manière face à une réalité qui n’a rien de virtuelle mais qui m’affecte directement parce qu’elle est VRAIE. Mon IMAGINAIRE me permet alors de différer l’abréaction violente pour en faire une « hypothèse » scénaristique.
À ma grande surprise, j’ai vu des victimes de viol regarder l’événement en dissociation mentale sans en éprouver ou en comprendre quoi que ce soit. La non réalité des faits devient tellement présente qu’il s’agit désormais d’une manière d’exister. SI JE REFUSE QUE CE SOIT VRAI, ALORS IL NE S’EST RIEN PASSÉ.
Notre héritage millénaire de violence laisse peu à peu la place à un univers Barbie plus facile à intégrer. Pour le moment!
Alain Marillac, hypnothérapeute, auteur, archéo-hypnologue