Le silence

Louise Déry

Je garde encore en mémoire ma première année d’apprentissage au sein d’une école de sagesse où tout se vivait dans le silence. C’est pourquoi, par motion du cœur, j’avais envie de partager mes réflexions sur cette clé importante de mon cheminement spirituel.

En effet, cette discipline s’est révélée d’une richesse inestimable. Elle m’a appris à écouter, à observer, à être pleinement présente. Le silence est indispensable à tout processus, qu’il soit initiatique, dans le cadre d’une quête spirituelle et mystique ou simplement lié à la vie quotidienne. On le retrouve dans toutes les traditions. Souvenons‑nous, par exemple, de la première leçon de Bouddha : « Fais silence en toi, et écoute ».

Le terme silence vient du latin silentium : « se taire ». Il signifie autant ne pas bavarder, chuchoter ou crier que s’abstenir de tout bruit. Mais au‑delà de l’absence sonore, le concept de silence revêt plusieurs sens :

  • Le Silence extérieur qui implique l’abstention de parole soit en gardant un secret, respectant une confidence ou encore en pratiquant la discrétion.
  • Le Silence intérieur qui devient méditation, introspection, profondeur… écoute.

Le silence de toute personne qui débute un chemin intérieur se présente sous une règle, parfois explicite, qui l’invite à regarder sans parler, à se recueillir intérieurement. Ce retrait favorise l’écoute, la réflexion et l’étude. Ce silence n’est pas une privation de la liberté de s’exprimer, mais un privilège d’apprentissage dans un désert intérieur permettant de faire le vide afin d’être réceptif à la connaissance, tel un vase vide que l’on remplit. 

Ce silence volontaire est également un acte de confiance envers le processus initiatique. Il nous invite à honorer ce qui est reçu et vécu, parfois dans l’intime, en cultivant une certaine discrétion. Il peut être vécu comme un engagement intérieur, une manière sacrée de respecter ce qui se révèle à nous au fil du chemin. Le chakra de la gorge, siège de l’expression, est ici particulièrement sollicité. Le fait de suspendre temporairement la parole nous amène à ressentir le pouvoir du silence dans tout le corps, à calmer l’agitation du mental et à nous rendre disponibles.

Par conséquent, au tout début du chemin spirituel ou de la voie initiatique, il peut être difficile d’exprimer ce que l’on vit. Symboliquement, c’est comme si les mots n’étaient pas encore formés. « Le signe du silence ésotérique s’inscrit alors dans la discipline du secret qui impose, à celui qui “sait” ou qui “connaît”, de se taire ». C’est ce que nous rappelle Lao Tseu dans le Tao Te King : « Ceux qui connaissent ne parlent pas et ceux qui parlent ne connaissent pas ».

Ce respect du silence s’étend bien au-delà d’un lieu ou d’un cadre spécifique. Il concerne toutes les sphères de la vie et ainsi il devient un espace sacré, en soi et autour de soi. Il est aussi un préambule à tout travail de transformation. Se taire, c’est entrer dans un espace subtil où l’on passe du visible à l’invisible, du profane au sacré.

Revenus à la vie profane, nous faisons face au tumulte du monde actuel, à sa réalité bruyante, en perpétuel mouvement ; technologies, réseaux sociaux, informations incessantes, etc. Tout sollicite notre intellect, disperse l’esprit, encombre le mental. Trouver un moment pour faire silence devient difficile. Pourtant, sans ce repos, l’espace pour entendre ce qui nous habite se fait rare et la réflexion saine est ardue.

Le silence nous offre la distance nécessaire pour remettre de l’ordre dans le chaos. Dans ce contexte, il devient un refuge, permettant de prendre du recul ou de la hauteur et de nous retrouver. « L’arbre du silence porte les fruits de la paix », dit un proverbe arabe. Il apporte donc la sérénité en éclairant l’esprit d’une vision nouvelle pour créer une condition propice à notre propre transformation intérieure et, par ce fait même, à une certaine maîtrise de soi.

En effet, si on ne s’arrêtait qu’à la valeur morale et extérieure du silence on devrait le définir comme le premier moyen de respecter autrui en sachant l’écouter. Mais lorsqu’il devient plus profond, il ouvre l’écoute de notre voix intérieure, de la nature, de l’autre. Il nous recentre et nous permet de pratiquer le célèbre « Connais‑toi toi‑même » de Socrate et c’est dans ce silence que naissent nos vérités profondes.

En conclusion, moi qui suis d’ordinaire silencieuse, j’ai ressenti le besoin d’exprimer, à travers ces lignes, mes impressions sur cette vertu qu’est le silence. Évidemment, il y aurait encore beaucoup à dire, mais priorisons l’expérience. Goûtons ce silence, souvent plus éloquent que la parole.

Car, comme dit le proverbe : « La parole est d’argent, mais le silence est d’or ».

Louise Déry
Les Arcanes de Madame Loulou

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