C’est un article de Mélanie Ouimet, fondatrice du mouvement francophone de la Neurodiversité, publié dans La Presse, qui a attiré mon attention. L’auteure définie la neurodiversité comme étant la reconnaissance d’une variation infinie du fonctionnement neurocognitif au sein de notre espèce.
Elle rappelle que c’est en 1998 que le mot fut créé par Judy Singer et largement utilisé dans le milieu anglophone avant de l’être depuis 2015, dans le milieu francophone.
Madame Ouimet compare, la neurodiversité à la biodiversité en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes. En ce sens, le cerveau est comparable à un écosystème : un réseau sain et en équilibre, d’une extrême complexité et infiniment diversifié. La neurodiversité est une réalité biologique.
Cette infinie variation provient d’une combinaison de facteurs innés et acquis qui interagissent entre eux et avec l’environnement pour former l’individualité de chaque être humain. Un concept auquel j’adhère totalement puisque j’en vois les manifestations depuis des années
Spécialiste de l’autisme, madame Ouimet précise que La neurodiversité concerne toutes les divergences cognitives telles que le TDAH, la dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie, la douance, l’hypersensibilité, la déficience intellectuelle, etc.
La suite de l’article est un plaidoyer pour la différence comportementale, ce que je respecte. Madame Ouimet désire que « les appellations … telles que maladies ou troubles soient éliminées du vocabulaire et que l’on ne parle plus que de diverses formes naturelles de l’espèce humaine au même titre que la diversité culturelle, ethnique, sexuelle, etc. » Et je suis toujours d’accord,
Mais voilà que madame Ouimet m’affirme que « Le cerveau des personnes neurodivergentes est « câblé » de manière divergente de la norme, ce qui entraîne une tout autre perception de l’environnement avec des forces et des défis. » elle mentionne alors :
« Les comportements, les réactions et l’intensité émotionnelle qui semblent parfois incompréhensibles et qui effraient la majorité ne sont pas nécessairement le signe d’un trouble immuable ni d’un dysfonctionnement cérébral. » Heureusement elle invoque, l’impératif de considérer l’être humain dans un système complexe et dynamique et de concevoir les comportements comme étant une réaction physiologique « normale » J’ai envie de l’envoyer se documenter sur le travail de ma collègue Nancy Mailloux à l’hôpital Anna Laberge. Elle fait des miracles avec les autistes via la relaxation et les suggestions
C’est la dichotomie de l’article qui m’ennuie. Voilà des années que je vois défiler des personnes de cultures et d’âges différents. Voilà des années que je sais que le pays d’origine, le milieu culturel, les habitudes, le fait d’être un homme ou une femme impactent lourdement les comportements et les perceptions. Un individu qui marche depuis des années les yeux baissés n’aura pas le même rapport au monde qu’un multi sportif. Voilà des années que les mots que j’utilise en suggestion s’adaptent à « l’écologie » large de la personne, à sa « neuro-appartenance »
Oui l’être humain appartient à un bassin commun dans lequel ce qu’il manifeste est « normal ». Mais, si jusqu’à il n’y a pas si longtemps les normes étaient définissables, territoriales elles deviennent de plus en plus « artificielles » et malléables. Les autistes et autres borderline ne font que s’adapter à une réalité en évolution.
A nous de changer notre approche et à entrer dans ces mondes nouveaux qui ne cessent de muer. Les neurdivergents sont ceux qui ne parviennent plus à mettre en œuvre la plasticité de leur cerveau et deviennent sans doute des thérapeutes déconnectés.
Bien des gamins que l’on traîne en vacance dans des coins reculés du monde passent leur temps sur une tablette, partagent entre eux des univers du jeu qui les phagocytent bien plus que la réalité d’une pyramide au loin.
Alain Marillac, hypnothérapeute, auteur, archéo-hypnologue
