Redéfinir l’hypnose

Alain Marillac

Avec le printemps, les questionnements semblent se réveiller. La montée de la sève et des essences, sans doute. Depuis le temps que je la pratique; que j’en use et la décortique; je réalise que l’hypnose ne cesse de perdre son « identité », à force de subir des redéfinitions.

Depuis la nuit des temps, cette fonction naturelle, non nommée, a sa place au côté de la veille, du sommeil, du rêve, de la détente, de l’absence passagère, etc.

Mais, voici à peine deux cents ans, en 1819 le Baron Hénin de Cuvillier propose le terme « Hypnose » pour distinguer cet « état », qu’il assimile à un sommeil nerveux. Tout le monde est ravi. Toutefois, en nommant cette parcelle de conscience : « hypnose », on l’enferme. On la détache d’un usage et d’un lien plus vaste avec le glial du cerveau; comparable à la matière noire de l’Espace.

Le pire, peut-être, a été ensuite de considérer l’hypnose comme un état SEULEMENT INDUIT en le détachant radicalement de son aspect naturel.

Si je tente une mise en perspective qui ne veut SURTOUT PAS finir comme une liste distinctive, on peut considérer 5 fonctions naturelles de base. Bien d’autres sont envisageables; mais je veux faire court.

  • L’État de veille qui nous ancre dans une perception collective et des codes de vie.
  • La relaxation, détente, sieste, etc. permettent un relâchement musculaire et mental en redonnant de l’énergie
  • La méditation et autres techniques « d’extase » qui amènent la conscience à un stade plus vaste
  • Le sommeil qui vient aider la totalité de l’organisme à se reprogrammer
  • Le rêve qui examine plusieurs situations pour les recadrer, mais qui a aussi pour fonction d’extrapoler les perceptions et faire vivre à plusieurs des expériences particulières.
  • « L’hypnose » une action naturelle qui permet de rassembler les 5 autres points. En permettant de revoir le vécu pour en modifier, éventuellement, les conséquences. Pour visualiser le futur « de l’intérieur » et faire en sorte que, tout moment visualisé, aient toutes les saveurs de la réalité. C’est une forme de vide mental hyper actif où, toutes les options peuvent prendre naissance. Le fait d’accompagner le processus avec des suggestions donne une direction, et agit vers une proposition. En thérapie, cela permet d’aider la santé, mais dans d’autres domaines, cela permet de mesurer la capacité fascinante du cerveau à se libérer du cadre de la veille.

Le plus fabuleux, peut-être, réside dans l’action du praticien. Lorsque ce dernier abandonne, enfin, son approche statique. Lorsqu’il comprend et utilise avec précision l’entrée dans la partie « hypnose » du sujet, il provoque une dichotomie qui l’amène à être à l’extérieur ET à l’intérieur du sujet.

Il devient, en effet, possible de ressentir ou de voir la même chose que le sujet. Rapidement, on réalise que la perception peut provenir de l’un comme de l’autre des protagonistes. Si le praticien suggère un bord de rivière, le sujet le verra de manière quasi identique. Mais il arrive souvent que le sujet lui-même, crée par exemple, une terrasse sur le toit d’un immeuble et que ce soit le praticien qui voit ce lieu et y adhère.

Ainsi avec le commun des mortels il est encore possible de dire que l’on « provoque » une expérience. Cependant, avec la pratique et une vision différente, on avance à deux (ou plus) dans l’exploration d’univers intérieurs, communs, à la recherche de ce qui aura été déterminé au départ, lors de l’anamnèse ou d’un protocole de recherche.

Il existe, pour moi, une obligation d’entraînement à une forme d’empathie qui facilite l’osmose avec les autres. Cela amène à sortir de la prison « hypnose ». Les inductions rapides ne sont pas totalement appropriées dans cette approche, quant aux suggestions habituelles elles aident à la mise en osmose, mais ne sont pas nécessaires.

Reste, avec le temps, une forme de détente dans laquelle les deux parties entrent ensemble pour se retrouver en un lieu intérieur choisi. Dès cet instant, particulièrement en thérapie, l’opérateur doit posséder son art pour obtenir des résultats qui seront bien plus durables. C’est en ce sens, que l’on reconnecte avec « l’hypnose avant qu’elle ne soit nommée ».


Alain Marillac

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