Fini les gourous pour moi

Sarâ Julia Rodrigue

Je me faisais une telle joie d’aller enfin en Inde! D’aller à la rencontre de ce peuple qui vit sa spiritualité au quotidien alors que de ce côté-ci de la planète, nos parents avaient résumé ça à une heure semaine, à l’église du village, endimanchés pour la circonstance, et devenus vertueux le temps d’une messe… Et que nous, leurs enfants, avions déserté ces grandes bâtisses qui manifestaient avec une incohérence tellement criante, l’écart entre les discours et les actes.

Mais où l’avions nous mis notre spiritualité, dans nos styles de vie à cent mille à l’heure, nos courses de la maison à la garderie, au boulot et vice et versa?

Dès mon arrivée au pays des mille et une nuits, je fus subjuguée par toutes ces couleurs, ces odeurs, ces sons, ces goûts et perceptions qui m’assail

lirent, me laissant ivre de sensations exotiques pendant les premières semaines.

L’Inde est absolument et totalement, d’une exubérance extrême où tout se côtoie, de la pure beauté à la misère la plus sordide!

Je visitai des temples, des cités, des villages…Je vis comment le quotidien des hindous est ponctué de rituels, de prières et d’offrandes aux innombrables dieux figés dans la pierre et s’entassant sur les toits des temples, comme un reflet de la densité de population d’en bas.

Je visitai aussi des ashrams, ces endroits de retraite spirituelle, bâtis autour d’un gourou, mort ou vivant, où américains, européens ou autres vont passer quelque temps espérant y trouver la vérité, la lumière et la paix de l’âme.

Mais peu à peu, dans cette spiritualité mur à mur, une drôle de sensation, pas du tout attendue, monta du plus profond de mon ventre pour émerger à ma conscience dans un grand cri : « Non! Non à ce sentiment de dévotion quasi aveugle à quelque chose en dehors de moi!! »

J’ai eu tout à coup la nausée de cette docilité, de cette obéissance, de cette remise à l’autre de mon salut, expérimentée depuis tant et tant de vies, sous tant de religions qui partagent toutes un point commun : me faire sentir ma petitesse.

Ce brahmane à qui l’on remettait un « bakshish » pour pouvoir accéder à l’espace sacré du temple n’était qu’une autre image du prêtre en soutane de l’Occident!

Ce gourou qu’on adule dans l’ashram qui lui est dédié me renvoyait aux saints du paysage catholique et, plus près de nous, à tous ceux qui présentent une nouvelle voie pour « s’illuminer ».

Je suis revenue du pays de Gandhi avec une grande vérité dans mon cœur. Ce que j’ai appris en Inde, je l’ai appris sur moi : terminé pour moi de suivre la voie d’un autre! C’est la mienne que je veux suivre, que je veux créer.

Je suis probablement en réaction! Je l’admets. Je réactive à la docilité, à l’obéissance, aux normes établies par d’autres, aux structures, les anciennes et mêmes les nouvelles, des voies dites « alternatives »! Vous ne trouvez pas qu’il y a de quoi être étourdie dans cette mer de techniques, de méthodes, de voies de guérison du corps et de l’âme?

Pourtant, en même temps, je reconnais et célèbre ces gens qui offrent leur vision et leur manière de faire, qui éclairent de différents angles ce qu’une seule personne ne peut voir.

Paradoxe? Non, nos créations individuelles ont leur place, elles nous inspirent les uns les autres. Plusieurs offrent des solutions réelles pour grandir, orienter, soutenir, accompagner…

Le danger? En adopter une qui devienne sa religion! Et qu’ainsi, une foi aveugle remplace le discernement, le ressenti du cœur à chaque moment présent.

La spiritualité, pour moi, ça a toujours signifié, cheminer à l’intérieur de soi afin de devenir libre. Se libérer de ses peurs, de ses doutes et de tout ce qui empêche d’être léger, joyeux, et de pouvoir exprimer qui on est vraiment. Et qui est-on vraiment? Un être divin venu expérimenter le plan terrestre. C’est le seul maître que je me reconnais! Le seul gourou que je veux suivre!

Ça peut sembler prétentieux pour certains. Qui suis-je moi, pour me considérer maître? Mais entendons-nous bien, je ne parle pas de ce personnage incarné qui s’appelle Michel ou Sarah. Celui-ci est plutôt le disciple du maître! Je parle de mon âme, de mon Esprit avec un grand « E ». De cette partie de moi, pure, originelle, éternelle, partie intrinsèque de la Source.

Mais tu rejettes tout! Me diront d’autres. Pas du tout! Sauf que je me fie maintenant à mes intuitions, mes ressentis, ma petite voie intérieure pour m’orienter et choisir ce qui est bon pour moi. C’est par tout ça que le maître en moi se manifeste. Et par les synchronicités qui se présentent dans ma vie.

Bien sûr, j’ai eu à faire un grand débroussaillage, repousser ces frontières illusoires issues de croyances, d’influences ou de blessures émotionnelles, ménage qui n’est pas terminé d’ailleurs, qui se continue sans cesse puisque c’est ça le sens de la vie : s’ouvrir à plus de conscience et plus d’amour.

Mais j’y ai gagné la confiance en moi-même, la légèreté, la capacité de vivre de plus en plus dans le présent, bref une plus grande joie de vivre.

Oui, j’en ai assez des gourous!  Mais pas du Maître en moi.


Sarâ Julia

www.sarajulia.ca

Pour consulter la fiche de Sarâ Julia Rodrique : cliquez ici

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2 réflexions sur “Fini les gourous pour moi”

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