Avec janvier et l’après-fête peuplée de contes de tous genres revient en surface l’obsession professionnelle du bon mot. Métaphores et allégories, ces termes évoquent pour moi de grands moments de discussion avec des élèves et des praticiens. Une grande partie de l’arsenal de suggestion passe par des images, des similitudes et des histoires symboliques. Mais, je dois l’avouer depuis, plus ou moins, le milieu des années 1990 il devient plus complexe d’user des légendes du passé.
Prenons un exemple basique : le petit chaperon rouge, si l’on se réfère à la toute première version, le loup accueillait le chaperon et lui faisait manger le ragoût préparé avec les restes de sa Grand-mère. Une vision horrible aujourd’hui! Mais perçue à l’époque pour ce que les mots disaient : le rituel de passage à l’âge adulte, alors que la jeune fille se nourrit symboliquement des savoirs anciens. Les versions modernes et, particulièrement, cinématographiques flirtent désormais avec un Chaperon rouge expert en combat et qui échappe aux griffes d’un loup sans doute pédophile. La vision n’est plus la même.
De manière large, en Amérique, les héros de Marvel ont remplacé dans l’inconscient collectif les héros grecs et leurs aventures pourtant si riches en expertises des comportements et des relations humaines. Je me sers encore parfois de la vie d’Hercule pour aborder des notions complexes. C’est un parcours de vie d’une richesse incroyable et diverse. Rien à voir avec les héros monos problématiques de Marvel : Batman qui gère sa phobie des chauves-souris; Spiderman qui symbolise l’ado éjaculateur précoce; Iron-man qui use de son savoir pour se construire une identité masquée afin d’exister, etc. Sans compter les jeux numériques comme Assassin Creed qui trichent avec l’Histoire, mais recréent des cités anciennes cohérentes.
Au bureau, tout cela devient un peu complexe, car il faut se tenir au fait des nouveaux personnages, se préoccuper, encore plus qu’avant, des données culturelles, mais aussi de la perte de mémoire vis-à-vis des histoires anciennes ou de leur transformation. Récemment, je découvrais sur Netflix qu’Hansel et Gretel des frères Grimm, n’étaient plus des enfants retrouvant le chemin de la maison, mais étaient devenus des adultes chasseurs de sorcières. Allez dire ensuite à des ados que ce n’est pas le fond de l’histoire! Notons cependant que des séries coréennes s’accrochent à des mythes telles que Sisyphe ou que les Turcs lancent des drames modernes peuplés de croyances antiques tout comme les choix arabes de ressortir les Djinns.
En bref, le plus simple, désormais, est d’engendrer soi-même des imaginaires correspondants le mieux possible à l’individu qui nous fait face. J’avoue avoir la chance d’inventer facilement, car les livres qui offrent des textes de métaphores sont, le plus souvent, d’un profond ennui.
Alain Marillac, hypnothérapeute www.enequilibrebedford.com