Le sac de chips

Susy Gervais

Avez-vous déjà entendu dire que le temps n’existait pas ou plutôt qu’il n’y avait pas vraiment de passé, de futur et que tout se jouait en même temps, au moment présent? Tout comme, si nous prenons de la hauteur, le jour et la nuit s’installent en même temps à quelque part sur la terre.

C’est la même chose dans notre vie, si nous prenons de la hauteur, nous pouvons observer que l’interprétation de notre passé se rejoue constamment dans le présent, ce ne sont que les personnages qui diffèrent.
Pour étayer mon propos, je vais vous raconter une histoire sur un sac de chips.

Une cliente vient me rencontrer pour une perte de poids qu’elle a pris suite à des périodes très émotives et à la prise d’antidépresseurs.
Lors d’une rencontre, elle arrive ébranlée d’une dispute avec son coloc. Celui-ci est arrivé avec un sac de chips et comme elle essai de perdre du poids et que les chips sont un défi pour elle, elle s’est mise en colère et lui a crié des mots qu’elle regrette aujourd’hui.
Et là, dans mon bureau, elle se sent très coupable.

**Je ne peux pas empêcher les gens autour de moi de manger des chips et ma réaction !! Ouf !! Peux-tu m’aider à ne plus me sentir aussi en colère quand cela arrive ?**

Dans mon programme Zénitude, comme toutes les émotions sont importantes ; elles se doivent d’être accueillies, acceptées pour pouvoir générer un comportement adapté au message émotionnel, pour qu’ainsi, l’émotion puisse passer son chemin. De toute évidence, ma cliente n’aimait pas du tout son comportement, donc dans ces moments précis, j’aime aller voir quelle émotion n’a pas été acceptée pour revenir avec autant de force et générer un comportement regrettable. J’utilise l’EFT dans ma pratique et c’est fascinant comment cette technique, en plus de calmer l’état émotionnel des gens, met en lumière rapidement les causes de nos comportements limitants.

Suite à quelques ronde EFT avec ma cliente, que je nommerai Julie, celle-ci se rappelle un souvenir d’enfance ou, âgée d’environ 9 ans, elle se balance dans sa cours et sa petite voisine vient la rejoindre. Celle-ci est enfant unique, tandis que Julie, elle, a 9 frères et sœurs. Sa voisine vient donc se balancer à côté d’elle avec un sac de chips dans la main, savourant tranquillement le craquant de chacune d’elles, devant le regard envieux de la jeune Julie. À sa grande surprise et surtout à sa grande colère, sa voisine termine son sac de chips sans lui en offrir.


Il faut comprendre que pour Julie, ce comportement est inacceptable, venant d’une famille nombreuse, elle a comme éducation (donc comme croyance) qu’on ne peut se régaler seule d’un sac de chips sans le partager avec les autres, surtout devant eux.
La jeune Julie se sent donc injustement traitée…

Si on revient à sa grande colère envers son coloc qui arrive avec un sac de chips, on peut se demander qu’est ce qui a réveillé la colère de Julie ? Est-ce son coloc qui arrive avec un sac de chips quand elle ne peut pas en manger (car elle est au régime) et s’imagine regarder son coloc manger le sac seul pendant qu’elle salive à côté de lui (comme avec sa jeune voisine…) ?Ou le fait que Julie n’a pas osée demander à sa voisine de lui donner des chips et qu’une partie d’elle s’en est voulue de se l’être interdit, d’être resté là impuissante et que cela se rejoue avec son coloc, car une partie d’elle se l’interdit encore….. ?

Peut-être un peu des deux !
C’est souvent à nous qu’on en veut dans certaines situations de notre vie : De ne pas avoir osé parler, agir, nommer et dire notre vérité, ….. Parce qu’on avait peur et  qu’on n’était pas consciente de notre valeur.

Suite au tapping, sa colère s’est libérée, cela la bien fait rire de réaliser le lien avec son souvenir d’enfance.
**Si mon coloc revient avec un sac de chips à la maison, je ne serai pas en colère, il a le droit de faire ce qu’il veut, et même que je lui demanderais s’il veut bien m’en donner un p’tit bol ? **

Le fait d’avoir libéré les émotions reliées à cette histoire avec sa voisine lui a permis de voir différemment sa situation présente avec son coloc.
Est-ce que le passé a changé et qu’elle a osé demander des chips à sa voisine ? Non, mais sa perception du passé a changé….Car dans le présent  Julie sait  qu’elle a le droit  de demander de partager, parce qu’elle a la même valeur humaine que quiconque (riche ou pauvre) elle reprend son pouvoir et son droit de demander et sors de la victimisation.

Si sa perception du passé a changé, la façon de vivre cette histoire avec sa voisine a aussi changé….Car tout se joue dans le présent…Dans son regard et sa création de petite fille, elle était celle qui ne pouvait pas avoir ce que les autres avaient, car elle était plus pauvre. Elle expérimentait la croyance limitante : j’ai moins de valeur que les autres (qui sont riches) et ainsi se sentir victime et sans pouvoir.

Dans son regard et sa création d’adulte, elle n’a qu’à demander pour pouvoir recevoir, car elle le mérite elle aussi, demander, c’est se mettre en action de reprise de pouvoir. Si elle déplace cette nouvelle vision dans son expérience à 8 ans, la petite Julie n’est plus victime,  elle expérimente qu’elle a le droit de demander et qu’elle le mérite. Son expérience émotive à 8 ans est transformée et ses nouveaux moments présents seront teintés de cette nouvelle vision.

Tout bouge à partir du moment présent. Une même expérience peut se transformer et passer d’une expérience de victime à un apprenti-sage de reprise de pouvoir. L’énergie se rejoue constamment en même temps. Vous rejouez en même temps la chicane avec votre chum à 40 ans, que la chicane avec votre père à 7 ans.

Libérez vos émotions, transformez vos croyances et reprenez votre pouvoir de création.

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