Le transfert de voix

Alain Marillac

Lors de divers échanges et discussions, j’ai réalisé que beaucoup de mes consœurs et confrères ignorent le concept de transfert de voix. Permettez-moi d’aborder cet outil tout simple qui évite parfois de nombreuses adaptations.

Je vais pendre un exemple simple pour établir les faits. Un enfant vit des peurs ou phobies et a besoin d’être rassuré très souvent. Les séances peuvent alors s’enchaîner, les enregistrements se multiplier. L’enfant est accro aux mots et à la voix du thérapeute, ça ne marche avec personne d’autre. Cette multiplication d’interventions peut devenir onéreuse pour les parents, alors qu’elle est inutile. C’est ici, que le transfert de voix prend tout son sens.

Comme souvent, avec les jeunes enfants, un des parents est présent lors des séances, nous allons l’impliquer. Durant deux ou trois rencontres, le thérapeute va affirmer que la voix du parent possède toutes les qualités pour l’aider, le calmer et obtenir les mêmes effets. On procède  à un test : un mot prononcé par le parent agit profondément, plus peut-être même que notre propre voix. Par petites touches, l’esprit de l’enfant accepte que le parent puisse agir sur lui, bien entendu, dans un contexte de confiance préalable. Au cours d’une des séances, le parent est convié à lire une partie des suggestions. Idéalement avec un parent participatif on alterne les phrases de manière à ce que les deux voix se « tricotent » d’elles-mêmes.

Il suffira ensuite de laisser le texte complet au parent pour qu’il procède à la séance à domicile. Il est toujours possible d’ajuster et de peaufiner le travail ensuite.

Le transfert de voix trouve aussi son utilité en recherche pour des séances de plusieurs heures avec plusieurs intervenants, et aussi entre adultes dans les accompagnements de personnes malades ou âgées.

L’avantage supplémentaire c’est que ce transfert peut s’appliquer même en dehors de l’hypnose, dans des thérapies qui utilisent la voix et dans toute approche qui demande une reprise par un autre intervenant. J’insiste sur  le fait qu’on ne fait pas juste identifier une voix, mais on lui construit un impact, un « pouvoir », une action.


Alain Marillac, hypnothérapeute et hypnologue

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