Spiritualité totale

Alain Marillac

Je vis désormais dans un monde où les jeunes peuvent revendiquer leurs identifications de chiens ou de chat. Ce qui leur donne, à l’école, le droit de pisser dans des bacs spécifiques à chacun d’eux.

Je dois avouer que j’étais plutôt sceptique face à de tels manques de modélisation humaine. Si des écoles acceptent des enfants chiens, des enfants chats avec leurs exigences et leur hygiène propre, à l’heure ou leur violence grandit, il faudra bientôt des vétérinaires en classe.

Après l’étonnement, le questionnement. Actuellement, en de nombreux lieux de la planète, notamment en Espagne surgissent des tendances telles que la Pet parentalité dans lesquelles les animaux remplacent les enfants au sein des familles. On a même droit à des congés pour soigner chien ou chat. Est-il alors plus facile d’envisager une tendance d’animalité chez les jeunes? Si à la maison mon animal reçoit plus d’attention que moi, j’ai envie d’être lui ? Exagéré! Un peu tordu? Sans doute un poil mais peut-être pas.

Dans un second temps j’ai repensé à l’animisme et à l’art rupestre, ces représentations qui ornent les murs des grottes de Lascaux ou d’Altamira mais aussi les rocs du Québec. En fouillant j’ai retrouvé un article datant de 1995 expliquant que les Bushmen d’Afrique du Sud étaient les derniers à exercer ce talent.

Les chercheurs effectuaient, à l’origine, une lecture au premier degré cherchant dans les images simples les traces d’un quotidien évoluant entre chasse et cuisine. Joseph Millard Orpen, vers 1870, interrogea le Bushman Qing à propos d’une fresque montrant des humains tirant, avec un lien, un animal non identifiable présentant des pattes d’hippopotame, des poils sur le museau et le dos. Qing expliqua qu’il s’agissait d’un serpent, que la scène se passait sous l’eau que ces gens dansaient et qu’ils allaient mourir par le chant et la danse avant de recouvrer la vie, grâce au dieu qui présidait à tout cela.

Tout d’abord décontenancé les ethnologues sont parvenus à s’ouvrir à d’autres approches et notamment aux transes. Au début de cette modification de la conscience, les visions sont dites entoptiques dues à la stimulation du système nerveux : points zigzags, grilles. L’état ultérieur amène le chaman à se sentir voler ou plonger sous l’eau. Tout ce qui s’inscrit ensuite est un récit pictural livrant des réponses ou des sensations liées à la vie du clan. N’oublions pas que la transe existe depuis des millénaires et qu’elle ne nécessite pas forcément de drogue.

Le processus évoque également les animaux totems et leur rôle d’identification à la représentation symbolique de l’animal.

Comme thérapeute, je me dis à présent que, peut-être, le gamin qui cherche sa litière, traduit une version moderne d’un inconscient collectif altéré. Un désir de se rassurer, de devenir l’un de ceux dont on s’occupe en priorité : un animal domestique. L’approche de noël avec âne, bœuf, dromadaire et enfant réunis me semble le bon temps pour réfléchir à ce contexte.


Alain Marillac, hypnothérapeute, auteur, archéo-hypnologue

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