Stress et angoisses d’un autre temps

Alain Marillac

Au bureau ou dans les groupes, en présentiel ou en virtuel, de plus en plus de jeunes personnes apparaissent en proies à des angoisses, à un stress permanent, ou à une difficulté majeure à se situer par rapport à eux-mêmes, aux autres et dans le monde. Il ne s’agit même plus d’un constat, mais d’une nouvelle réalité quotidienne.

Toutefois, en Amérique du Nord, pas de missile qui tombe chaque jour, pas d’explosion ou de contrainte intense. Plutôt une insidieuse certitude « auto immune » de fin du monde en approche, d’un avenir défaillant et d’un désert profond de perspectives.

ET POURTANT. Toutes ces personnes qui se déposent devant moi ont toutes les solutions, toutes les réponses qui leurs sont nécessaire; mais elles ne savent plus SE questionner. Je fini par avoir l’impression d’entendre du Christophe Maé en boucle : « il est où le bonheur, il est où ? ».

Ne pas savoir se poser de question devient le mal d’un siècle où pleuvent les solutions nonstop.

Les « influenceurs » te dise quel parfum choisir, quelle tenue est tendance, quel livre à la cote ou quoi penser du dernier film en vogue. Ouah! Des opinons sur commande, c’est bon dans certains domaines pour aider, pour aller plus vite, mais ton cerveau doit aussi faire la job et penser. Je suis sur le cul quand un client me demande, après avoir exposé une vie sans véritable complexité : « alors est-ce que je devrais rester avec ? D’après toi? ». Où sont les vrais problèmes d’avant?

Heureusement, il en reste, ça devient même une gourmandise de les voir s’installer. Enfin quelqu’un qui va « vraiment » mal! En même temps, je ne suis pas trop surpris des variations en voyant les modèles évoluer sur grand écran. Comme beaucoup, je fais mes devoirs et je me coltine des productions Marvel de plus en plus stupides. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, la vie de Batman mettait en évidence ses traumas de jeunesse et sa peur des chauves-souris. Une base construite et logique. Désormais, c’est une collection de marginaux débiles qui se découvrent des supers pouvoirs et voient le monde comme un clou sur lequel frapper. Je rêve de productions qui auraient l’intelligence de mixer un scénario comme « l’arrivée » avec un univers comme celui d’Avatar.

Manque de bons scénarios, manque de mots autant chez les patients que chez les praticiens. Dans les formations, il me faut désormais ajouter des fiches de synonymes pour proposer du vocabulaire plus riche, plus varié.

OUI je chiale! Car ceux qui viennent pour de vrais maux n’ont plus les mots pour les décrire. Alors je circule en permanence en zone  interdite : proposer mais ne pas définir! Défini bien? Défini mal?  Alors, si moi je stress de temps à autre, au moins je sais pourquoi.


 Alain Marillac, hypnothérapeute, auteur, archéo-hypnologue

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