Je ne sais pas pour vous mais, en ce qui me concerne, l’approche de Noël me ramène toujours à l’idée d’un surplus de signes, symboles, indicatifs et autres amalgames ayant du sens ou non.
A travers tout cela, s’inscrit un cheptel qui unit les approches spirituelles : âne, bœuf, mouton, chèvre, dinde, canard et autres traditions. Ce troupeau mental a ravivé en moi l’usage des animaux totems. Je m’en sers occasionnellement, selon les clients et le potentiel éventuel d’une métaphore animale.
Si plusieurs suggèrent la réussite, le courage la résilience; ce qui me frappe face à cette crèche multi culturelle, c’est l’aspect sacrifice; même le dindon est, pour les amérindiens, un symbole d’effacement de l’ego de partage et d’abnégation. Dans le contexte mondial actuel, alors que les jours passent, en certains lieux sous le concert des missiles et autre rythmique « bombesque », je dois dire que j’examine les totems avec scepticisme.
L’Ukraine par exemple, est-elle papillon avec sa capacité principale de transformation, d’adaptation, de changement de point de vue, une nécessité de se renouveler. Ou bien est-elle tortue? Surtout avec sa relation aux autres nations. C’est-à-dire qu’elle prend tout sur son dos, enterre ses pensées et renonce provisoirement pour, retrouver l’abondance plus tard.
Ailleurs, un peu partout dans le monde, avec les changements climatiques, la baisse de l’eau disponible et la sécheresse des champs, il est aussi un personnage qui semble se multiplier, agir en plus grosse bande et surtout s’activer à faire grincer les oreilles au son de son cri de crécelle. Maître corbeau rempli, de mieux en mieux, ses fonctions de messager du vide; sorte de Paraclet spirituel, sans attachement, mais signe de changement profond.
Si l’on s’attarde un peu, juste en pensée, il est assez facile de constater que la mouvance totalitaire tente de ramener l’humain au niveau de l’animal soumis, acceptant son propre sacrifice. Par ricochet, le Noël qui arrive, donne plutôt des envies de résistance, un goût de libérer ces bêtes apparemment vouées à offrir leur chaleur à un bébé naissant. Pourtant, ils semblent devenir un reflet des populations.
En effet, il est tellement paradoxal de voir le nombre de citadin qui acquièrent des chiens pour nourrir leur vie et l’accompagner. Et là aussi, je suis perplexe face au décodage de l’animal totem. Jusqu’ici le chien représentait plutôt la paix, la loyauté mais aussi l’obligation du travail sur soi pour changer. La personne qui s’identifie au chien devrait donc être en mode reconquête. Pourtant, à l’observation, ils deviennent plutôt des renards qui développent l’art de se fondre dans la masse, cultivent l’effacement, la difficulté à exister et à prendre leur place; préférant la ruse et le camouflage. C’est mon chien que l’on voit, pas moi! Mais, est-ce vraiment un chien?
A force de ressasser, j’ai envie de redonner aux animaux totems une vraie place dans le décodage de l’humain qui se décompose et se plie au modelage.
Notre rôle, à nous, demeure celui du miroir; refléter ce que nous percevons pour animer la réalité de qui se contemple. Et je dois avouer qu’il est étrange, ici, de se voir personnifier plutôt par la souris, dont la spécificité est de percevoir le danger, d’être innovatrice mais a l’obligation de se voir en miroir avec les autres pour saisir qui elle est.
Alain Marillac, hypnothérapeute, auteur, archéo-hypnologue